Rupture de stock de corticoïdes : les rhumatologues voient rouge
Les médecins rhumatologues ne peuvent plus soigner tous leurs patients faute de corticoïdes injectables. Ils demandent à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de prendre ses responsabilités et de garantir des stocks de médicaments suffisants.
Pour soulager la douleur de leurs patients les médecins rhumatologue réalisent des infiltrations à base de corticoïdes. Ce médicament est indiqué pour l'arthrose, la polyarthrite, les tendinites et bursite (inflammation d'une bourse séreuse) ou névralgies de type sciatique. Seulement, depuis près de trois mois, les spécialistes doivent faire face à une pénurie du produit.
"Moi même, en tant que médecin rhumatologue, j'avais encore un peu de stock, mais là j'en vois la fin. Il me reste deux ampoules. Je les garde pour un patient dont la douleur serait devenue insupportable. D'habitude, je réalise 20 à 30 infiltrations dans le mois. Aujourd'hui, je renvoie les patients chez eux ou je leur propose des anti-inflammatoires par voie orale, quand le patient le supporte ou des séances de kinésithérapie plus coûteuses pour l'Assurance-maladie", insiste Eric Senbel, le secrétaire général du Syndicat des médecins rhumatologues.
Deux laboratoires producteurs de ces corticoïdes auraient dû faire face à un incident industriel lors de la fabrication. Des résidus d'opercule se seraient retrouvés dans les flacons. Or ces deux laboratoires produisent pour la France les deux principaux corticoïdes, qui représentent 80 % des indications. "Dès mars 2012, nous avions anticipé cette rupture de stock. Nous avons donc averti par courrier tous les médecins et pharmaciens susceptibles d'utiliser ces produits afin de les prévenir de ce problème", précise le service de communication du laboratoire Sanofi-Aventis.
Pour garantir des stocks disponibles, le Syndicat des médecins rhumatologues en appelle à l'Agence du medicament : "Il faut ouvrir des discussions avec l'Afssaps (nouvellement ANSM) pour qu'elle-même demande aux laboratoires de disposer en permanence de stocks de corticoïdes. On ne peut pas laisser nos patients souffrir. D'autant que les infiltrations sont une solution simple, efficace et peu coûteuse, environ 5 à 6 euros par flacon. Une pénurie avait déjà eu lieu en 2010 et visiblement aucun enseignement n'a été tiré".
En temps normal, les laboratoires ne produisent pas en continu les corticoïdes injectables, mais possèdent un volume de stock qu'ils renouvellent tous les quinze jours.
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