Tuberculose : un nouveau traitement prometteur
La tuberculose tue encore chaque année plus d'un million de personnes dans le monde. Depuis la fin des années 1960, aucune nouvelle molécule anti-tuberculeuse n'avait été mise au point. Mais un nouvel antibiotique semble porteur d'espoir.
Le bacille de Koch est à l'origine de la tuberculose. Pour venir à bout de cette bactérie, qui vient se loger dans nos poumons, il faut prendre plusieurs antibiotiques pendant six mois. Pris correctement, le traitement guérit la très grande majorité des patients. Mais quand la tuberculose devient ultra-résistante, l'infection s'avère alors beaucoup plus dangereuse, comme le confirme le Pr Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière : "la tuberculose ultra-résistante est une maladie particulièrement grave. La mortalité peut aller jusqu'à 70-75% des cas, parce qu'il n'y a pas assez de traitements utilisables, parce qu'on ne peut pas avoir recours à la chirurgie facilement, parce qu'on a du mal à gérer les effets indésirables qui incitent les patients à arrêter le traitement".
Les pays de l'ex-Union soviétique, comme l'Arménie, connaissent bien ce phénomène. Dans ces pays, trop de patients développent la forme résistante de la maladie qui les oblige à prendre des traitements beaucoup plus lourds.
Un nouvel antibiotique vient cependant éclaircir l'horizon des patients en phase terminale. La bédaquiline, en cours d'essais thérapeutiques, est utilisée à usage compassionnel. Un traitement de la dernière chance pour des patients qui n'ont plus d'autres options thérapeutiques. Si pour le moment, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, les médecins observent tout de même une très bonne tolérance du traitement et une amélioration clinique évidente des patients.
Pour tester la bédaquiline, les chercheurs ont étudié le mécanisme d'action du médicament et ont compris qu'il s'attaquait à une enzyme particulière de la bactérie. "Cet antibiotique a la particularité d'agir sur une cible sur laquelle aucun autre antibiotique n'agissait. Il est donc totalement indépendant des autres", note le Pr Vincent Jarlier, chef de service du laboratoire de bactériologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
La bédaquiline est donc un formidable espoir, mais pas un remède miracle. Comme tous les autres antituberculeux, il ne peut se suffire à lui-même. Selon le Pr Eric Caumes, "la bédaquiline toute seule générera des tuberculoses résistante à la bédaquiline. Pour traiter une tuberculose, plusieurs médicaments sont nécessaires, trois, quatre, cinq médicaments associés dont la bédaquiline. De plus nous avons souvent besoin de recourir à la chirurgie".
La bédaquiline se rajoute donc aux autres médicaments existants. Pour espérer soigner les populations des pays émergents, il faut maintenant travailler sur les associations de molécules, chercher à diminuer la durée, la lourdeur et le coût du traitement.
La bédaquiline vient d'obtenir une autorisation temporaire d'utilisation en France. Cet antibiotique, actuellement en cours d'essai thérapeutique, pourrait être proposé aux patients atteints des formes résistantes de la tuberculose.