Tuberculose disséminée : quand l'infection atteint la moelle osseuse
À Bligny, dans l'Essonne, se trouve le dernier sanatorium de France. Les cas les plus graves de tuberculose, dont ceux de tuberculose disséminée, y sont soignés chaque année. Reportage.
Ce bois, poumon du dernier sanatorium de France à Bligny (Essonne), a permis à Magloire de reprendre des forces. Quand il est arrivé dans cette grande bâtisse et ses cinq hectares pour prendre l’air, il y a quatre mois, il avait perdu 27 kilos.
Magloire souffre d’une tuberculose disséminée, ou tuberculose miliare. La maladie ne s’est pas seulement logée dans son poumon, elle a aussi atteint sa colonne vertébrale, c'est pour cela qu’il porte un corset. Si sa colonne n’est pas protégée, elle risque de comprimer sa moelle épinière et de le condamner à la paralysie.
La tuberculose miliaire peut menacer le pronostic vital du ptaient. Elle survient lorsqu'un grand nombre de bactéries responsables de la tuberculose, les Mycobacterium tuberculosis, se déplace dans le sang et se propage dans le corps, atteignant alors le foie, la moelle osseuse ou encore les méninges.
4 603 cas de tuberculose recensés en 2021
Avec 4 603 cas recensés en 2021, la tuberculose n’a pas disparu en France. C'est dans ce sanatorium de Bligny que les cas les plus graves sont pris en charge.
La tuberculose est transmise par voie aérienne, via des gouttelettes contenant les bactéries et expectorées par la toux des malades. Quand une personne malade tousse, elle peut contaminer les autres.
Quelle que soit sa gravité, la tuberculose est devenue aujourd'hui une maladie dont on guérit. Mais quand le sanatorium de Bligny a ouvert ses portes en 1903, elle décimait la population. À l’époque, le traitement était rudimentaire et reposait essentiellement sur l'aération et le soleil.
Un traitement contraignant
L'arrivée des antibiotiques a révolutionné le cours de la maladie. Le nombre de patients a drastiquement diminué et la mortelle tuberculose est devenue curable... À une condition : prendre scrupuleusement son traitement, et il est contraignant.
Rebecca, soignée à Bligny, prend par exemple sept comprimés à heure fixe, pendant 9 à 18 mois.
Ce rituel a un nom. La DOT, la prise de traitement sous surveillance. "La DOT, ça consiste à vérifier la prise des traitements, parce que les patients se sentent mieux, ils reprennent du poids, ils arrêtent de tousser. En fait, ils n'ont plus du tout de symptômes et certains peuvent avoir l'envie d'arrêter le traitement, mais, s'ils arrêtent le traitement, la tuberculose revient et de façon plus grave et plus importante", explique Marine Hermouet, infirmière.
"Quand on n'a pas de maison, on n'a pas la tête à se traiter"
Mais le plus gros obstacle pour éradiquer la maladie reste l’accès aux soins. La tuberculose touche les personnes les plus vulnérables.
"Quand on n'a pas de maison, quand on n'a pas de revenus, quand on ne sait pas où on va dormir, ce qu'on va manger et comment on va nourrir sa famille, on n'a pas la tête à se traiter", rappelle la Dre Mathilde Jachym, pneumologue au sanatorium du centre hospitalier de Bligny.
Accompagnement social, activité physique adaptée, atelier nutrition... Les blouses blanches du dernier sanatorium de France veillent donc à soigner l'esprit autant que le corps.