Un nouveau test prédictif du cancer colorectal
Deux chercheuses de l'Inserm viennent de mettre au point un test prédictif du risque de cancer colorectal. Ce test, basé sur la présence d'une protéine, permet de prédire la survenue de tumeurs chez des patients précédemment opérés de polypes bénins. Le cancer colorectal est la quatrième cause de décès par cancer en France.
Quand vous passez une coloscopie, votre gastro-entérologue peut découvrir des polypes, dans votre côlon. Il les retire et les envoie à analyser auprès de l'anatomopathogiste. Celui-ci vérifie sa structure, sa morphologie, et le classe dans une catégorie. Selon la classification du polype, le médecin conseillera à son patient de venir régulièrement, s'il est considéré comme un patient à risque, ou de suivre les étapes d'un dépistage classique si le polype s'est révélé bénin.
Mais certains patients, que l'on avait rassuré sur la nature de leurs polypes, et à qui on disait qu'ils n'avaient pas besoin de revenir régulièrement, développaient des tumeurs colorectales dans les dix ans. L'étude de la structure du polype ne suffit donc pas à dépister les futurs cancers.
Marqueur prédictif
Les chercheuses Catherine Seva et Audrey Ferrand viennent de mettre au point un nouveau test, qui permettrait d'identifier plus de patients à risques. Grâce à une étude rétrospective sur 10 ans, elles ont remarqué en analysant des polypes hyperplasiques de 74 patients, la présence d'une protéine particulière, la progastrine. Elle est produite par les cellules tumorales colorectales, et n'est pas présente dans les cellules saines du côlon.
Il s'agissait de déterminer si son expression pouvait prédire l'apparition de lésions cancéreuses dans les années suivant la résection chirurgicale des polypes. "Lorsque nous avons émis cette hypothèse, nous pensions qu'une telle avancée serait très utile pour un suivi adéquat et une détection très précoce du cancer colorectal", explique Catherine Seva, directrice de recherche à l’Inserm.
Grâce à leurs analyses, les chercheurs ont montré une association significative entre des taux élevés de progastrine et la survenue ultérieure de lésions précancéreuses. Alors que ces polypes étaient considérés comme bénins et sans risque, 100 % des patients qui présentaient des taux élevés de progastrine ont développé dans les 2 à 10 ans des adénomes, reconnus comme des lésions précoces du cancer colorectal. A l'inverse, chez les patients n'exprimant pas ou très peu cette molécule, aucune lésion ne s'est développée dans les 10 ans qui ont suivi le retrait des polypes.
Nouveau test de dépistage
"Alors qu'aucun suivi n'est recommandé à l'heure actuelle chez ces patients, dont les polypes sont considérés comme bénins, mesurer l'expression de la progastrine sert à connaître la population de patients présentant un risque élevé de développer une lésion précancéreuse", conclut Audrey Ferrand, chercheuse à l'Inserm et signataire de ce travail.
"Ce test est facile à mettre en place, il peut être rapidement testé à plus grande échelle pour être validé, puis être appliqué en routine dans les services des hôpitaux", se félicite Audrey Ferrand.
En France, le cancer colorectal représente le deuxième cancer le plus fréquent. Les polypes hyperplasiques sont les lésions colorectales les plus fréquentes. Près d’un quart de la population européenne entre 20 et 54 ans en développe. Ces lésions ont longtemps été considérées comme des lésions bénignes et à l'heure actuelle, aucun suivi n'est recommandé pour ces patients après l'ablation chirurgicale des polypes. Jusqu'à présent, rien ne permettait d'identifier le sous-groupe de polypes qui pouvait avoir un potentiel malin. Ce nouveau test va modifier les habitudes de suivi et de dépistage.
Source : Inserm
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