Une amibe dévore le cerveau de dix Pakistanais
Quand la réalité dépasse la science-fiction. Une amibe, une tueuse microscopique, mieux connue sous le terme de "mangeuse de cerveau" et vivant dans l'eau douce, a tué dix personnes dans la ville la plus peuplée du Pakistan, Karachi. Les autorités de la mégalopole pakistanaise ont annoncé mardi 9 octobre 2012 avoir diligenté une enquête en urgence pour traquer ce parasite.
Répondant au nom de Naegleria fowleri, l'amibe vivant dans les eaux douces, de préférence usées et chaudes, est du genre vorace : elle s'infiltre dans le nez durant une baignade où elle s'installe d'abord, puis remonte la lame criblée de l'ethmoïde, un os de la base du crâne formant le toit des fosses nasales, et gagne activement le cerveau où elle se nourrit de cellules nerveuses et de globules rouges, entraînant une méningo-encéphalite chez son malheureux porteur.
Maux de gorge, obstruction des voies nasales, fièvre puis vomissements, raideur de la nuque, violentes céphalées, confusion, voire convulsions et hallucinations, sont la succession de symptômes qui attendent les victimes malchanceuses. Sept à dix jours suffisent à les faire passer de vie à trépas dans plus de 95 % des cas !
Pour le moment, dix cas ont été déclarés, tous dans le sud de la ville, mais selon les autorités compétentes, d'autres victimes pourraient être dénombrées dans les jours qui suivent, car les habitants peuvent tarder à consulter dans une ville où les hôpitaux sont débordés.
Une enquête est en cours sur le réseau d'eau de la ville, notamment les bains, les piscines et surtout les lieux d'ablution tous utilisés par les victimes, pour trouver la source d'eau stagnante contaminée.
Le ministre de la Santé de la province du Sind, Saghir Ahmed, se veut rassurant : "Il n'y a aucune raison de paniquer, et les citoyens doivent rester calmes et prendre leurs précautions. C'est une épidémie d'origine hydrique, et nous enquêtons au maximum sur les causes de son éruption".
Pour prévenir de nouveau cas, les autorités sanitaires pakistanaises ont augmenté le taux de concentration de chlore dans le réseau d'eau de la ville et ont avisé la population de réduire le plus possible tout contact de l'eau avec leur muqueuse nasale.
Aucun cas de méningo-encéphalite liée à cette amibe n'a jamais été décrit en France métropolitaine, mais la menace est bien plus proche qu'il n'y paraît : le prédateur est cosmopolite et a déjà touché un pays frontalier, la Belgique.
Cette espèce d'amibe reste cependant très rare. L'amibiase la plus courante étant liée à un autre parasite : l'Entamoeba histolytica. Une forme d'amibiase beaucoup moins mortelle si elle est bien traitée.
En savoir plus
- Institut Pasteur
L'amibiase : la maladie et son traitement.