Vaccination : les politiques s'en mêlent !

Le 13 mars 2012, le groupe d'études sur la vaccination de l'Assemblée nationale, présidé par le député Olivier Jardé, a émis une série de recommandations. Parmi elles, la mise en place d'un moratoire sur l'aluminium utilisé comme adjuvant dans les vaccins. L'Académie de médecine et l'Académie des sciences n'ont pas tardé à réagir. Un seul mot d'ordre : défendre la vaccination.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Vaccination : les politiques s'en mêlent !

Des députés s'expriment sur la vaccination. Un groupe d'études s'est constitué à l'Assemblée nationale et ont émis des recommandations. Parmi elles : imposer l'obligation vaccinale, instaurer un moratoire sur l'aluminium utilisé comme adjuvant ou encore recourir à des tests de sérologie avant la vaccination… Des recommandations qui, selon Pierre Bégué, pédiatre et infectiologue, membre de l'Académie de médecine "vont dans le sens contraire de la santé publique".

Première critique, elle concerne la forme. L'immunologiste Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, regrette que les députés n'aient procédé qu'à des auditions séparées et non contradictoires. Il critique aussi un manque de légitimité : "Ce qui me choque c'est que la synthèse a été faite par un groupe de députés qui ne sont pas experts dans le domaine de la vaccination. Leur rôle est de donner un avis mais sûrement pas de donner des recommandations de santé publique".

Le président de l'Assemblée nationale, M. Bernard Accoyer a rappelé sur le site de l'Assemblée nationale, que "les prises de position et autres recommandations figurant dans le document (…) n'engagent que leurs auteurs". Sur le fond, plusieurs points sont vivement critiqués par les deux Académies.

Un moratoire sur l'aluminium dans les adjuvants des vaccins

C'est l'une des propositions les plus contestées par les Académies de médecine et des sciences. Mis en cause par les députés, l'aluminium est utilisé comme adjuvant dans la grande majorité des vaccins sous forme d'hydroxyde d'aluminium. Son rôle : booster la stimulation immunitaire lors de la vaccination. Mais parce que d'infimes particules de cet aluminium se déposent sur le cerveau, il est soupçonné d'être à l'origine de troubles cognitifs (troubles du sommeil, de la mémoire…). Le document recommande un moratoire des vaccins contenant de l'aluminium, en attendant de recueillir davantage de données scientifiques…

Une aberration pour Jean-François Bach : "c'est la proposition qui nous a fait sauter au plafond. La grande majorité des vaccins contienne de l'aluminium, et il n'y a jamais eu de preuves démontrant les liens de cause à effet entre l'aluminium et ces troubles cognitifs. On ne peut pas dire n'importe quoi sans preuve scientifique. Les conséquences peuvent être graves, les gens pourraient se décourager d'aller se faire vacciner !".

Rendre obligatoire certains vaccins, comme celui de la rougeole

Le groupe d'études sur la vaccination propose de rendre obligatoire le vaccin du ROR (rougeole, oreillons, rubéole). Objectif : augmenter la couverture vaccinale contre la rougeole afin qu'elle atteigne les 95 % requis pour maîtriser l'infection. (Aujourd'hui, la couverture vaccinale est de 88 % au niveau national). Une recommandation qui laisse Jean-François Bach dubitatif : "le taux de couverture actuel n'est pas si mauvais, je pense qu'en créant une obligation, on risque, au contraire de donner envie de ne pas le faire. Je pense qu'il faut privilégier la pédagogie, prendre du temps pour informer les gens…".

Recourir à des tests de sérologie et d'immunologie avant la vaccination

Pour les experts du groupe d'études, le recours à des tests de sérologie et d'immunologie permettrait notamment d'éviter des vaccinations inutiles. Pour les académiciens, cette recommandation n'est pas justifiée car en réalité il y a très peu de vaccination inutile. Autre argument pratique : "le recours à ces tests est dans la pratique impossible à mettre en place à l'échelle de toute une population, ce n'est pas réaliste !", explique Jean-François Bach.

Académie de médecine et Académie des sciences sont unies pour défendre la vaccination. Pour elles, le problème n'est pas tant le danger "hypothétique" du vaccin, mais plutôt son absence face à certaines maladies comme le sida, le paludisme ou encore les infections à streptocoques.

 

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