Près de deux milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable
Les Nations-Unies publient ce jour un rapport inquiétant sur l'eau potable et son accessiblité.
Elle est vitale... mais elle est rare ! Le paradoxe est inquiétant. Et pourtant, "L’accès à l’eau est un droit humain vital pour la dignité de chaque être humain", affirme Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco, dans un communiqué.
Un rapport est présenté à ce sujet aujourd’hui à Genève (Suisse), à l'occasion de la 40e session des droits de l’homme, en amont de la Journée mondiale de l’eau, le vendredi 22 mars. Cette dernière a pour thème cette année : "Ne laisser personne de côté ! Qui que vous soyez, où que vous soyez, l’eau est votre droit".
780.000 morts chaque année
En 2010, l’Assemblé générale des Nations Unis a reconnu "le droit de l’homme à l’eau et à l’assainissement". En 2016, l’objectif 6 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, prévoit de garantir "l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement". L’objectif, est pourtant loin d’être atteint, puisque "des milliards de personnes en sont toujours privées" regrette Mme Azoulay.
Les chiffres sont vertigineux. En 2015, "2,1 milliards", n’avait pas accès à des services d’eau potable, et "4,5 milliards de personnes", étaient privées d’installations sanitaires, peut-on lire dans le communiqué. L'accès insuffisant à une eau potable de qualité et le manque de services d'assainissement des eaux usées coûtent cher en vie humaine. Selon le rapport, près de 800 000 personnes sont mortes, chaque année, à cause de la dysenterie (diarrhées graves) et du choléra.
Des disparités importantes
A l’échelle de la planète, un continent se démarque : L’Afrique. "Près de la moitié des personnes qui boivent une eau issue de sources non protégées vivent en Afrique sub-saharienne", détaille le communiqué de l'Unesco. "Les populations pauvres et marginalisées seront affectées de manière disproportionnée, ce qui aggravera encore [plus] les inégalités" a déclaré pour sa part, Gilbert F. Houngbo, président d’ONU-Eau.
"Dans les pays les moins avancés, 62% des citadins vivent dans des bidonvilles et n'ont très souvent pas accès aux services d'eau ou d'assainissement", indique le rédacteur en chef du rapport, Richard Connor. Et, au sein même des populations, les inégalités se font sentir. "Les plus démunis sont assujettis le plus à la discrimination", constate M. Connor.
Les réfugiés particulièrement exposés
Les femmes sont souvent désavantagées dans l'accès à l'eau. Dans des milieux ruraux, "la charge d'aller chercher de l'eau incombe aux femmes et aux filles de manière disproportionnée", souligne le rapport. Une situation particulière est celle des réfugiés. Fin 2017, 68,5 millions de personnes étaient déplacées de force à cause de conflits ou de persécutions. Ces populations "se heurtent souvent à des obstacles pour accéder aux services élémentaires en approvisionnement en eau et d'assainissement", ajoute le rapport.
"Les gens fortunés qui payent très peu doivent commencer à payer plus pour que l'accès soit universel", suggère Richard Connor. Ce qui est sûr, c’est que les Etats, mais aussi les acteurs privés, doivent investir massivement dans les infrastructures. Les besoins sont estimés à 114 milliards de dollars annuels, trois fois ce qui est dépensé actuellement. Et cela, sans prendre en compte les coûts de fonctionnement et d'entretien.
La situation est inquiétante. Et cela ne risque pas de s'améliorer. La demande mondiale en eau devrait augmenter de 20 à 30% par rapport au niveau actuel d'ici 2050, constatent ONU-Eau et l'Unesco dans leur rapport annuel sur l'eau. Seulement, le réchauffement climatique risque, dans le même temps, de compliquer l’accès à l’eau potable, avec les sècheresses et les inondations