Compléments alimentaires : un business florissant... mais des produits inutiles
Le marché français des compléments alimentaires a représenté 1,9 milliard d'euros en 2018. Pourtant, la majorité de ces suppléments minéraux ou vitaminiques ne présentent aucun bénéfice pour la santé.
Les preuves de l’inutilité des compléments alimentaires pour les adultes ne souffrant d’aucune maladie particulière s'accumulent au gré des études épidémiologiques. Pourtant, ils sont très largement consommés dans les pays développés. En France, le marché a représenté 1,9 milliard d'euros en 2018. Il est en légère augmentation par rapport à l'année précédente, selon des chiffres publiés le 20 mars par les représentants du secteur.
"Trois indications concentrent une grande partie du marché : le sommeil/stress, la digestion et la vitalité", d’après le Syndicat national des compléments alimentaires (Synadiet). Près de la moitié des ventes sont réalisées en pharmacies, devant la vente directe et la vente à distance, notamment dans les magasins bio et sur Internet.
"Un complément alimentaire ne peut avoir d'effets thérapeutiques"
Malgré ce succès, les scientifiques sont sceptiques sur l'intérêt de ces produits. Contrairement aux médicaments en effet, les compléments alimentaires ne sont pas soumis à une autorisation de mise sur le marché. "Par définition, un complément alimentaire ne peut avoir ni revendiquer d'effets thérapeutiques", indique l'Agence nationale de sécurité sanitaire et de l'alimentation (Anses) sur son site Internet.
De plus, plusieurs études ont conclu, pour la grande majorité de ces produits, à l'absence d'intérêt prouvé.
- Une étude française publiée en octobre 2013 dans le British Journal of Nutrition rappelle qu'une alimentation équilibrée est largement suffisante pour apporter à l'organisme tous les nutriments qui lui sont nécessaires pour fonctionner.
- Trois études présentées dans la revue Annals of Internal Medicine la même année conduisent aux mêmes conclusions.
- Une étude publiée dans The Lancet en 2003 recense les cas cliniques d'interactions malheureuses entre un traitement médical et les composés présents dans les suppléments ou entre les vitamines elles-mêmes. De nombreux cas d'infarctus du myocarde, d'insuffisance hépatique, d'hémorragie (et leurs conséquences) sont ainsi énumérés...
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En février dernier par ailleurs, l'Académie de pharmacie a consacré un rapport aux compléments alimentaires à base de plantes. Elle a rappelé que certains compléments ont des effets proches des médicaments, mais sans être aussi bien encadrés. L’Académie met donc en garde contre un mauvais usage, potentiellement à risque. Elle a également alerté quant aux dangers des compléments contenant du suc d'aloé ou des racines de rhubarbe, utilisés pour leur effet laxatif.