Peut-on faire le ramadan quand on est malade ?
Si l’on souffre d’une pathologie lourde, on en est théoriquement dispensé. Certains types de diabète peuvent néanmoins supporter un aménagement.
Jusqu’au 4 juin, les musulmans pratiquants devront s'abstenir de manger, de boire et d'avoir des relations sexuelles du lever au coucher du soleil. Nous sommes en période printanière, ce qui signifie que les fidèles français devront jeûner pendant près de 15 heures d’affilée, chaque jour. Quelles sont les maladies incompatibles avec cette inversion du rythme alimentaire ? Allodocteurs.fr fait le point.
[Ndlr : Femmes enceintes ou allaitantes et personnes âgées sont dispensées de jeûne.]
Cancer, hypertension, problèmes rénaux : c’est non !
"Avec n’importe quelle pathologie lourde, jeûner est dangereux" prévient la Dre Brigitte Danchin, médecin nutritionniste à Paris. Et pour cause : c’est tout l’organisme qui est déséquilibré. "Jeûner induit des carences. Le pire scénario bien sûr, c’est la mort" explique la nutritionniste. Elle donne plusieurs exemples. Tout d’abord celui du cancer : "Si la personne est sous chimiothérapie, le ramadan est impossible à suivre, car elle a besoin de se remplir l’estomac."
- A lire aussi : "Ramadan : comment concilier jeûne et santé ?"
Elle évoque ensuite l’anorexie, logiquement incompatible avec le jeûne, mais aussi les problèmes rénaux, qui nécessitent une hydratation régulière. "Ne serait-ce que pour une infection urinaire, si la femme ne peut pas boire d’eau, elle va souffrir le martyr" ajoute la Dre Danchin. Les personnes souffrant d'hypertension artérielle, qui doivent prendre leur traitement dans la journée, courent eux aussi des risques. Pour tous les fidèles souffrant de ces affections, donc, il est indispensable de consulter son médecin avant le ramadan.
Des aménagements possibles en cas de diabète
En ce qui concerne le diabète néanmoins, des aménagements sont possibles. Si le traitement est insulinique, le ramadan expose à des risques d'hypoglycémie grave, pouvant entraîner syncope, thrombose, infections, ou même coma. "En cas d’hypoglycémie grave, il faut rompre le jeûne définitivement" avertit le Dr Patrick Serog, médecin nutritionniste à Paris. Au cours de l’été 2018, près de la moitié des patients accueillis aux urgences d’Alger durant le ramadan étaient des diabétiques souffrant de complications du jeûne, selon l'agence d'Etat APS.
En revanche, les patients souffrant de diabète de type II et prenant des médicaments par voie orale peuvent adapter leur traitement sur conseils de leur diabétologue. Ils peuvent notamment prendre leur traitement en une fois le soir, au lieu de deux ou trois fois par jour. "Les patients doivent limiter au maximum la consommation de sucre, rapides et lents, durant la nuit. Ou tout du moins essayer", nous expliquait la Dre Laila El Jabri, diabétologue à Paris, en 2012.
Il est toutefois important de noter que la très grande majorité des musulmans pratiquants respectent l’avis de leur médecin traitant. "Je n’ai personnellement jamais vu quelqu’un faire le ramadan en dépit d’un avis médical", affirme la Dre Danchin.