Le régime vegan est-il dangereux pour les enfants ?
Ni viande, ni œufs, ni lait. Pour des raisons éthiques, les adeptes du végétalisme se privent de tout produit provenant du règne animal, s'exposant ainsi à des carences alimentaires en l'absence d'alimentation adapatée et de supplémentation en vitamine B12. En Italie, un projet de loi vise à interdire cette alimentation aux enfants.
Est-ce dangereux d'imposer un régime végétalien à son enfant ? C'est en tout cas ce que pense la députée italienne Elvira Savino. Le 10 août, la parlementaire conservatrice a déposé un projet de loi visant à pénaliser tout parent qui fera adopter ce régime à son enfant âgé de moins de 16 ans.
Cette alimentation, que la députée définit comme "déficiente en éléments essentiels à une croissance saine", consiste à exclure tout produit issu du monde animal. Viande, poisson, lait, œufs ou encore miel sont ainsi proscrits. Si le projet est voté, ces parents, "radicalisés" selon Elvira Savino, risqueront jusqu'à quatre ans de prison.
Une supplémentation obligatoire en vitamine B12
La diabolisation du régime vegan chez l'enfant est-elle bien légitime ? Par définition, ce mode alimentaire restrictif exclut bon nombre d'aliments et expose ses adeptes à des carences parfois sérieuses. Un élément essentiel manque de fait aux végétaliens : la vitamine B12, présente uniquement dans les produits animaux.
Elle est notamment indispensable au fonctionnement du système nerveux et du tube digestif. Tout végétalien, enfant ou adulte, doit donc supplémenter son alimentation avec cette vitamine. Mais c'est une règle que connaissent bien les adeptes du végétalisme.
L'apport en protéines est primordial
Le régime vegan ne s'improvise pas et tout parent doit avoir des connaissances poussées en nutrition pour éviter de mettre son enfant en danger. Premièrement, l'alimentation doit être assez riche en protéines végétales, qui apportent les huit acides aminés indispensables au bon fonctionnement de l'organisme.
Si ces protéines sont présentes dans les végétaux, comme les légumineuses notamment, il faut veiller à bien associer ces produits entre eux. En effet, il n'existe aucun produit qui se suffit à lui-même, pas même le soja, qui manque cruellement d'un de ces acides aminés essentiels. Pour éviter les carences alimentaires de l'enfant, il est obligatoire d'associer, par exemple, semoule de blé, haricots rouges, lentilles ou encore pois chiches.
Surveiller toutes les carences
Le végétalisme expose également à des risques de carences en calcium, en zinc ou en fer. Ce dernier est présent dans des produits végétaux, mais le fer d'origine végétale est moins bien absorbé que le fer d'origine animale. D'autant plus que certains aliments, comme le thé ou les fibres, empêchent son assimilation. Pour éviter les carences en fer, il est conseillé de consommer de la vitamine C, qui aide à mieux l'assimiler.
Un régime végétalien chez l'enfant semble donc théoriquement possible, à condition de supplémenter généreusement son alimentation. Le tout sans oublier non plus d'avoir un apport énergétique suffisant ! Avant l'âge de 3 ans, les lipides représentent idéalement la moitié des apports caloriques de l'enfant.
Du lait pendant au moins les six premiers mois
Soja, amandes, noisettes... Les jus végétaux, appelés à tort "lait", sont très prisés par le vegans. Or, ils sont totalement à proscrire avant 6 mois chez le nourrisson, qui doit absolument boire du lait maternel ou de vache. Et les mères vegans qui allaitent doivent surveiller de près leur taux de vitamines et de minéraux.
Dans la pratique, les vegans restent bien souvent carencés… Si l'on en croit une étude publiée en 2013, 65% des femmes enceintes végétaliennes sont carencées en vitamine B12, et entre 25 et 86% des enfants.
Les carences peuvent avoir des conséquences parfois graves chez l'enfant, comme la malnutrition, un affaiblissement général, des retards de croissance ou une perte de la densité osseuse et dentaire. Par ailleurs, les carences alimentaires frappent directement le système immunitaire, exposant à des risques d'infections, voir de décès.
Théoriquement possible, mais très difficile à tenir dans la pratique
Pour résumer, si le végétalisme ne doit pas être stigmatisé, il requiert tout de même de prendre de grandes précautions, difficilement tenables. Tous les apports doivent être calculés rigoureusement et les enfants suivis de près par un nutritionniste.
Néanmoins, ces précautions théoriques ne se retrouvent pas dans les faits. La moitié des vegans sont carencés en vitamine B12.
La proposition de loi de la députée intervient alors que quatre enfants ont été hospitalisés pour malnutrition en Italie, en l'espace de quelques mois. En 2011, en France, un couple de la Somme avait été jugé pour avoir imposé ce régime à leur fillette, décédée de malnutrition à 11 mois. Carencée en vitamines A et B12, ses parents sont poursuivis pour "privation de soins ou d'aliments suivie de mort".
Pour en savoir plus, consultez l'avis de l'American Dietetic Association de 2009 sur les régimes végétariens et végétaliens
Le végétarisme consiste à retirer de son alimentation certains types de protéines animales. Par exemple, les lacto-ovo-végétariens vont manger des œufs et du lait, alors que les lacto-ovo-pesco-végétariens vont uniquement écarter la viande.
Le végétalisme, ou "régime vegan", consiste à exclure tout produit issu du règne animal. La viande et le poisson donc, mais également les œufs, le lait, le fromage ou le miel. Plus qu'un simple régime, il s'agit aussi d'un mode de vie. Beaucoup de végétaliens refuse ainsi de porter du cuir ou de la laine.