Les compléments alimentaires sont-ils efficaces ?
Utiles pour compenser certaines carences alimentaires avérées, les compléments alimentaires sont également très consommés dans les pays développés par des personnes ne souffrant d’aucune maladie particulière. Notre chroniqueur scientifique Florian Gouthière revient sur les recherches indépendantes qui ont évalué tant les bénéfices et les risques de la supplémentation.
Une carence aggravée en certains vitamines, minéraux ou nutriments entraîne l’apparition de maladies parfois graves, telles le scorbut (carence en vitamine C), le béribéri (vitamine B1), etc. Des situations extrêmement rares dans les pays développés, l'alimentation courante couvrant les besoins de la quasi-totalité de nos populations.
Si une prise de sang ou des symptômes révèlent de telles carences, une supplémentation ciblée peut être prescrite par un professionnel de santé (dans certains cas spécifiques, une supplémentation peut être prescrite à titre préventif).
Mais peut-on attendre des bénéfices à la consommation de compléments alimentaires si l’on n’est pas carencé ? Ajouter des nutriments et des vitamines en gélules à ses repas permet-il, par exemple, de prévenir l'apparition de certaines maladies ? Que répondent les les méta-analyses qui synthétisent les recherches sur la question ?
Les données accumulées depuis plusieurs décennies permettent de tirer des conclusions solides, qui peuvent se résumer en quelques mots, explique Florian Gouthière, journaliste scientifique : les bénéfices sont vraisemblablement extrêmement minces, tandis que les risques associés à ces produits sont loin d’être anodins.
Des risques avérés
Il existe en effet de nombreux cas documentés d'interactions malheureuses entre des traitements médicaux et les composés présents dans ces suppléments, débouchant sur des infarctus du myocarde, une insuffisance hépatique, des hémorragies. "Depuis 2005, on sait également qu'une supplémentation en vitamine A accroît le risque de cancer chez les fumeuses, du fait d'interactions avec des composés présents dans le tabac", détaille notre chroniqueur. "La même année, des travaux ont montré qu'une supplémentation excessive en vitamine E est associée avec un accroissement de tous les risques de mortalité".
De nombreuses autres vitamines sont, elles, tout simplement excrétées dans les urines si elles sont en excès, ou si elles se présentent sous une forme qui n'est pas assimilable (comme par exemple la pseudo-vitamine B12 de la spiruline). Autrement dit, on jette son argent par la cuvette… l'argent qui pourrait être mieux employé à améliorer la qualité des repas des consommateurs.
Le détail des études présentées dans cette chronique peuvent être consultées sur le blog de Florian Gouthière.
L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) rappelle que, "par définition, un complément alimentaire ne peut avoir, ni revendiquer d’effets thérapeutiques". Il ne s'agit pas de médicaments, et ne nécessitent donc pas à ce titre d'autorisation de mise sur le marché.