Anorexie, boulimie : quand la musicothérapie aide à se réapproprier son corps
À l’hôpital Saint Vincent de Paul à Lille, en plus de la prise en charge médicale, des séances de musicothérapie sont organisées pour les patients atteints de troubles du comportement alimentaire.
Tous les mercredis depuis 1 an, Aline se rend à l’hôpital Saint Vincent de Paul de Lille pour suivre des cours de musicothérapie. La jeune femme souffre d’une anorexie sévère. Elle pèse 46 kg pour 1m75.
"Ça a commencé par un régime restrictif. J'étais dans un truc où il fallait que ce soit toujours perfectible, que je supprime le plus de choses de mon alimentation, pour me revaloriser, car j'ai toujours eu un gros souci identitaire", explique Aline.
Un travail sur l’estime de soi
Pour aider les malades à réduire leur anxiété et leur inhibition, Andréa Schindler, musicothérapeute commence toutes les séances de la même manière, un travail sur la respiration. Une fois, le souffle contrôlé et après quelques étirements, les patientes, toutes débutantes, se lancent dans le grand bain musical.
"Ce que je fais beaucoup, c’est un travail sur l’estime personnel. Se rendre compte qu'on a énormément de créativité, de ressource à l'intérieur de nous-mêmes, souvent les patientes l’oublient, car elles sont très déconnectées de leurs émotions, de leurs corps. Finalement, il y a une sorte de sensation de ne plus savoir comment avancer. L'idée est vraiment de leur faire prendre conscience qu’elles peuvent être actrice de leur guérison, de leur mieux être.", explique la musicothérapeute.
Le point d’orgue de la séance est le chant. Andréa Schindler aide les patientes à improviser sur quelques simples accords. Même si les voix restent timides, la chanson est un véritable exutoire pour ces jeunes filles.
Libérer les émotions pour amorcer la guérison
"Je n'étais plus capable d’écouter de la musique hormis pendant des séances de sport. C’est quelque chose qui m'aide quand j'ai des crises d'angoisse et qui va m’aider émotionnellement à me canaliser, qui m'aide à ressentir mon corps et du coup, je vais pouvoir l'appliquer et prendre plaisir.", précise Aline.
"Dans ces troubles alimentaires, ce qui est l'ennemi pour nos patients, c'est le corps, le corps est honni, il est maltraité, désincarné. L'autre objectif de la musicothérapie, va être de permettre de se réapproprier ce corps, de le réapprovioser comme un ami", explique le Pr Vincent Dodin, chef de service de psychiatrie à l'hôpital Saint-Vincent de Paul à Lille.
Depuis qu'elle est suivie à l'hôpital, Aline a réussi à reprendre le poids qu’elle avait perdu.