Antidépresseur : qu'est-ce que le syndrome de sevrage ?
La prise d'antidépresseurs se fait de façon accompagnée avec un médecin, un psychiatre ou un généraliste. Leur arrêt l'est tout autant notamment à cause du risque de syndrome d'arrêt. Plus connu sous le nom de syndrome de sevrage, il touche environ un tiers des patients.
On parle souvent de sevrage d'antidépresseur mais ce terme ne reflète pas la réalité. "Le terme le plus approprié est le syndrome d'arrêt car il n'y a pas de dépendance pharmacologique avec les antidépresseurs, confirme le Pr Florian Ferreri, psychiatre. Les patients ne ressentent pas le besoin d'augmenter la dose à cause d'une envie irrépressible. Nous sommes sur une problématique très différente des anxiolytiques et des somnifères, qui peuvent provoquent une dépendance. En revanche, il peut y avoir des difficultés à l'arrêt."
Un syndrome d'arrêt
Les antidépresseurs sont en effet pris sur une longue durée, au moins 6 mois dans la dépression, au-delà pour les troubles anxieux. Un équilibre s'est donc fait dans le corps et l'arrêt des antidépresseurs peut entraîner un syndrome d'arrêt, parfois très inconfortable.
Bouffées de chaleur, frisson, fatigue, nausées, accélération du transit, figurent parmi les manifestations fréquentes tout comme l'anxiété ou l'irritabilité. Ces symptômes surviennent dans les quelques jours suivant l'arrêt ou la réduction de dose, rarement après une semaine. Ils disparaissent complètement lorsque l'antidépresseur est restauré, ou la dose augmentée.
Un tiers de personnes concernées par ce syndrome
"Le risque de syndrome d'arrêt est variable selon les personnes et les molécules, ajoute le Pr Ferreri. D'expérience, on estime à 1/3 les personnes concernées par ce syndrome. Mais ce chiffre n'est pas parlant car ce syndrome dépend de la durée du traitement, de la molécule elle-même et de sa durée d'élimination."
C'est ce que l'on appelle la demi-vie. Une étude publiée en 2021 avait identifié les molécules impliquées dans le syndrome de sevrage, présent chez la moitié des personnes traitées par antidépresseurs. Le syndrome de sevrage était particulièrement fréquent en cas de prise de paroxétine, de venlafaxine et de duloxétine.
"De plus, si la posologie est élevée et que l'on arrête brutalement, forcément la chute dans le sang est plus importante que si la dose est modérée, ajoute le Pr Ferreri. Il faut aussi savoir que certaines personnes éliminent plus vite les médicaments que d'autres et ont plus de risque d'avoir un inconfort à l'arrêt."
L'arrêt brutal favorise la survenue du syndrome de sevrage, raison pour laquelle les médicaments antidépresseurs doivent être arrêtés progressivement.
Un arrêt progressif en accord avec le médecin
L'arrêt se fait en accord avec le médecin et toujours de façon progressive. S'il n'existe pas de facteur de risque, seules des manifestations légères sont à prévoir. Elles seront d'autant mieux vécues si le patient est prévenu de leur survenue.
La revue Prescrire recommandait même en 2021 de réduire de 5 à 10% toutes les 1 à 4 semaines, selon la tolérance du patient.
"Il n'y a jamais d'urgence à arrêter un traitement antidépresseur, explicite le Pr Ferreri. On recommande un arrêt assez progressif pour permettre à l'organisme de s'habituer à cette diminution. On fait plus attention avec les molécules à demi-vie courte et quand le patient a une posologie élevée. Si la personne a des manifestations à la diminution, cela ne veut pas dire qu'elle est dépendante mais qu'elle a besoin de paliers pour que l'arrêt se passe bien. On arrive toujours à arrêter un antidépresseur sur le plan pharmacologique puisqu'il n'y a pas de dépendance mais il faut que la maladie pour laquelle le médicament a été prescrit ait disparu."
La différence entre syndrome d'arrêt et rechute n'est pas toujours simple à faire puisque certains symptômes sont similaires.
"Si la réapparition des symptômes est très rapide, c'est en général un syndrome d'arrêt, reprend le Pr Ferreri. Si les manifestations surviennent moins rapidement alors que le traitement a été diminué doucement, cela peut signifier que la personne en a encore besoin d'antidépresseur à un certain pallier pour contrôler sa pathologie."