Bisphénol A : une interdiction par précaution justifiée
Faut-il interdire le bisphénol A (BPA) par principe de précaution ? Pour Bernard Jégou, directeur de recherche sur la reproduction humaine à l'Inserm, la réponse est oui. Les "arguments scientifiques solides" dont on dispose justifient une interdiction par précaution.
Les soupçons sur les effets du BPA sont nombreux. Perturbateurs endocriniens, obésité, cancer du sein, maladies cardiovasculaires... ces risques suspectés ont déjà permis la suspension de la commercialisation des biberons au BPA, en juillet dernier.
En septembre 2011, c'est l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail (ANSES), qui a demandé à l'Europe de classer le BPA comme "toxique pour la reproduction".
L'ANSES estime disposer de "suffisamment d'éléments scientifiques" pour "agir dans une logique de prévention" et "remplacer le bisphénol partout où on peut le faire".
Remplacer le Bisphénol A : oui mais par quoi ?
Si les chercheurs, les autorités sanitaires et les industriels s'accordent à dire qu'il faut trouver un produit de substitution au BPA, il reste aujourd'hui à répondre à une question de taille : quel produit va remplacer le BPA ?
Selon le Pr Réné Habert, de l'Université Paris-Diderot "ce n'est pas rien de remplacer trois millions de tonnes de BPA par an par autre chose".
Le constat est le même pour les industriels. Bannir le bisphénol de tous les contenants industriels (canettes, conserves…), comme le veut la loi adoptée le 13 octobre 2011, s'avère être plus compliqué que prévu.
Ils critiquent à ce propos un calendrier imposé "incompatible" avec la réalité industrielle.
De son côté, le Sénat, qui avait prévu l'interdiction générale du BPA en 2015, a proposé de repousser d'un an de plus l'échéance.
Bernard Jégou va plus loin. Selon lui, l'interdiction programmée du BPA dans les contenants alimentaires (conserves, canettes, etc.) "doit être aussitôt encadrée par des recherches sur les produits de substitution, sinon ce sera une supercherie"
Avant de commercialiser un produit de substitution il faudra donc s'assurer de son innocuité, sans avoir le recul nécessaire cela paraît être compliqué.
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