Cellules souches : premier essai clinique sur l'homme
Des médecins américains ont commencé à traiter un patient avec des dérivés de cellules souches embryonnaires humaines dans le cadre du premier essai clinique de ce type jamais autorisé, une première mondiale pour cette thérapie très prometteuse mais controversée. Explications avec le Pr. Marc Peschanski, directeur de recherche à l'Inserm.
Le début de cette étude clinique a été annoncé, lundi 11 octobre 2010, par la firme de biotechnologie américaine Geron Corporation qui a obtenu le feu vert de l'autorité fédérale des médicaments (FDA) en janvier 2009. "Le début de l'essai clinique GRNOPC1 est une étape importante pour les thérapies humaines basées sur les cellules souches embryonnaires", souligne dans un communiqué le Dr Thomas Okarma, PDG de Geron.
Le principal objectif de cet essai clinique, dit de phase 1, est d'évaluer la sûreté et la tolérance à ces cellules dérivées de cellules souches embryonnaires - dites GRNOPC1 - chez des personnes paralysées à la suite d'une lésion à la moelle épinière. Les participants à cette étude doivent avoir subi leur blessure récemment et recevoir les GRNOPC1 dans une période de moins de 14 jours, précise Geron.
L'objectif de cet essai est d'injecter sur des volontaires paralysés des cellules dérivées de cellules souches embryonnaires humaines dans l'espoir qu'elles puissent régénérer les cellules nerveuses endommagées et, éventuellement, permettre à la personne de retrouver la sensibilité et la capacité de se mouvoir.
Le premier patient a été sélectionné dans le centre Shepherd de réhabilitation et de recherche de blessures de la moelle épinière et du cerveau à Atlanta (Géorgie), un des sept centres potentiels de recrutement de patients aux Etats-Unis pour cet essai clinique.
"Quand nous avons commencé à travailler sur ce projet en 1999, beaucoup prédisaient plusieurs décennies avant que ces thérapies cellulaires soient approuvées pour des essais cliniques chez l'homme", a rappelé le Dr Okarma.
Geron avait déjà mené une série d'essais pré-cliniques in vitro ainsi que sur des animaux de laboratoire.
Les cellules souches embryonnaires sont les seules cellules de l'organisme ayant la capacité de se multiplier sans limite et de devenir n'importe quel type de cellules du corps, présentant de ce fait un énorme potentiel pour traiter, outre des lésions de la moelle épinière, des maladies incurables comme Parkinson ou encore le diabète.
Le plus grand défi pour les chercheurs est d'obtenir que ces cellules souches "se différencient" pour devenir les cellules qu'ils souhaitent obtenir, sans prendre le risque de se transformer en cellules indésirables comme des tumeurs cancéreuses. Mais la recherche et l'utilisation de ces cellules souches est controversée car elles sont prélevées sur l'embryon humain, au premier stade de son développement (blastocyte), entraînant sa destruction.
Des groupes religieux et des homme politiques conservateurs s'y opposent. Une action en justice avait abouti en août à la décision d'un juge fédéral de geler les fonds fédéraux alloués à la recherche sur ces cellules.
Toutefois, cette décision a été suspendue début octobre permettant la poursuite de ces travaux le temps que la Cour d'appel statue. Dans un décret en mars 2009, le président Barack Obama avait levé les restrictions sur l'utilisation de fonds publics imposées par l'administration Bush en 2001.
Mais ce problème pourrait être contourné grâce à une nouvelle méthode dévoilée fin septembre et jugée prometteuse pour reprogrammer des cellules souches humaines adultes (de l'épiderme) qui sont identiques aux cellules embryonnaires, selon ces chercheurs.
Source : AFP du 11 octobre 2010
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