Chimiothérapie : les bienfaits du jeûne court
Le jeûne est une pratique millénaire, présente dans de nombreuses religions. Si son intérêt pour le corps humain n'est pas contesté lorsqu'il est raisonnable, on ne connaît pas avec précision ses effets directs, en particulier dans le cas du cancer. Il n'est pas question d'évoquer les charlatans qui promettent de soigner un cancer en pratiquant le jeûne plusieurs semaines. Mais de l'utilisation d'un jeûne très court, de deux ou trois jours, en accompagnement de la chimiothérapie, comme médecine complémentaire. Et comme le financement des études se fait attendre, certains ont déjà décidé de le pratiquer pour évaluer ses effets.
"Quand il y a une restriction calorique, les cellules vont avoir tendance à arrêter de produire certaines protéines non essentielles pour les cellules de manière à économiser leur énergie le temps que la nourriture revienne à disposition", explique Jean-Ehrland Ricci, chercheur unité Inserm 1065. Durant les étapes d'arrêt de production de protéines, les chercheurs ont remarqué qu'une protéine importante dans le cadre des cancers était diminuée, leur expression était diminuée de l'ordre de 40%. La chimiothérapie devenait alors efficace contre les cellules tumorales.
Un groupe de souris a suivi le même régime sans chimiothérapie. La restriction alimentaire seule n'a eu aucun impact sur leur espérance de vie. Mais lorsque la restriction alimentaire est associée à la chimiothérapie, la survie est significativement augmentée.
Si des études commencent à être menées en France sur l'animal, ce n'est pour le moment pas le cas chez l'homme. Pourtant une première expérience aux Etats-Unis suggère un impact bénéfique du jeûne sur la tolérance des traitements.
Chirurgien-cancérologue, le Dr Michel Lallement a arrêté le bloc opératoire depuis un an pour se consacrer à l'accompagnement des patients cancéreux, sans intervenir dans leur traitement. Il leur propose de jeûner la veille de la chimiothérapie, le jour du traitement et le lendemain ou à volonté quelques fruits secs et parfois un œuf.
Le retour des patients est positif, comme le confirme le Dr Lallement : "Très souvent pour ne pas dire toujours, il y a une amélioration de la tolérance. C'est-à-dire qu'au minimum on gagne, mais de toute façon on ne perd pas. Le jeûne contrairement à ce que certains peuvent dire ou faire craindre n'affaiblit pas, bien au contraire. Le patient a suffisamment de réserves pour tenir trois jours. En revanche on récupère beaucoup plus vite de la chimiothérapie parce que l'on n'a pas les effets secondaires, on n'a pas les nausées, les vomissements, les diarrhées…"
Le Dr Lallement n'est pas le seul médecin à s'intéresser aux effets du jeûne. Le Pr Laurent Zelek à l'hôpital Avicenne de Bobigny a déjà déposé plusieurs demandes de financement public pour réaliser une étude, sans jamais obtenir de réponse positive. En attendant que les institutions publiques se décident à financer une étude, les patients sont de plus en plus nombreux à tenter l'expérience sans forcément oser en parler avec leur médecin.
Pour le moment aucune étude sur l'homme n'a été publiée. Un chercheur américain, Walter Longo, devrait prochainement publier une première étude sur l'homme, mais pour l'instant les seuls résultats existants sont des conclusions préliminaires.
Ce type de jeûne ne peut pas être pratiqué par un patient ayant déjà des problèmes de nutrition, comme dans le cas d'un cancer ORL. Si vous voulez tenter l'expérience, nous vous invitons bien sûr à en parler à votre médecin, et à ne pas tenter l'aventure seul.
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