De plus en plus de femmes font des infarctus aigus avant 50 ans
Une étude américaine montre que les femmes de moins de 55 ans qui font un infarctus risquent davantage d'en mourir que les hommes. Egalement constatée en France il y a dix ans, cette surmortalité n'existe plus. Mais le nombre de femmes touchées continue d'augmenter.
En étudiant le parcours de plus d'un million de patients victimes d'infarctus du myocarde dans plus de mille hôpitaux à travers les Etats-Unis, une équipe américaine a mis au jour un risque de mortalité accru (14 %) pour les femmes de moins de 55 ans par rapport aux hommes du même âge (10 %).
Leur étude, publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), montre aussi qu'"elles se présentent plus avec des symptômes atypiques, sans la douleur thoracique aigüe", explique le Pr. John Canto, directeur du Centre de prévention cardio-vasculaire de la Watson Clinic de Lakeland. Ceci expliquerait d'ailleurs en partie cela : avec des signes peu caractéristiques, ces patientes sont trop souvent prises en charge trop tard… Il insiste donc sur l'importance d'une meilleure information des femmes ainsi que des urgentistes "pour traiter ces patients correctement et dans les meilleurs délais", poursuit le Pr. Canto.
Les femmes ne pensent pas être concernées
En France, ce message semble être passé puisque la surmortalité féminine constatée en 2000 n'existe plus. Une étude publiée en 2006 dans l'European Heart Journal montrait ainsi que le risque de décès précoce à l'hôpital après un infarctus était presque deux fois plus important chez les femmes de 30 à 67 ans que chez les hommes du même âge. Mais l'enquête FAST-MI (registre français des infarctus du myocarde), réalisée tous les cinq ans pour recenser pendant un mois les patients hospitalisés pour infarctus aigus montre que cet écart a disparu dès 2005.
"Nous ne constatons pas non plus la différence de symptômes évoquée dans le JAMA", explique le Pr. Nicolas Danchin, cardiologue qui coordonne ces registres. "En France, 80 % des patients, hommes comme femmes, ont l'alerte thoracique typique", poursuit-il. En revanche, les femmes ne l'associent pas toujours bien à un problème cardiaque. "Elles ne pensent pas être concernées par cette menace et ne s'alarment pas aussi vite que les hommes", constate le Dr Marie-Christine Illiou, cardiologue à l'Hôpital Corentin-Celton. "Souvent, après coup, elles nous disent je ne savais pas".
Pourtant, la menace est bien réelle
Elle a même triplé ces dernières années. "Aujourd'hui, les femmes de moins de 50 ans représentent 11 % des infarctus aigus à l'hôpital alors que ce pourcentage n'était que de 3,7 % en 1995 !", souligne le Pr. Danchin.
Le principal responsable serait le tabac. Sans oublier le manque d'exercice physique et la pilule associée à la cigarette. "Nous avons même accueilli dans notre service de réadaptation une jeune femme de 22 ans !", s'inquiète le Dr Illiou. Quant aux différences avec les Américaines, la cardiologue soupçonne leur diabète : "il est plus fréquent chez les patientes de l'étude concernées par la surmortalité et les symptômes atypiques, décrypte-t-elle. Et nous savons qu'il augmente le risque de décès précoce."
Les Françaises doivent donc continuer à se distinguer du modèle américain en faisant plus d'exercice physique pour échapper aux complications du surpoids.
Etudes de référence :
- "Association of Age and Sex With Myocardial Infarction Symptom Presentation and In-Hospital Mortality", JAMA. 2012;307(8):813-822. doi: 10.1001/jama.2012.199
- "Impact of age and gender on in-hospital and late mortality after acute myocardial infarction : increased early risk in younger women. Results from the French nation-wide USIC registries", European Heart J, 2006, 9 janvier. Doi :10.1093/eurheartj/ehi719
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