Débat relancé sur la conservation d'ovules sans raison médicale
L'âge de la maternité ne cesse de reculer et les femmes qui consultent pour infertilité sont de plus en plus âgées. Face à ce constat, le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) relance le débat sur la congélation d'ovocytes. Les femmes devraient pouvoir y recourir "à leur convenance" et sans raison médicale pour préserver leur fertilité future.
Vers une conservation d'ovocytes de convenance ?
De nombreux pays acceptent la conservation d'ovocytes de convenance dans des banques d'ovules. La Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie (ESHRE) vient d'ailleurs de rendre un avis favorable à ce sujet, a souligné le Collège de spécialistes qui prend à son tour position, dans un communiqué publié le 12 décembre 2012.
Le CNGOF se déclare "favorable à l'autorisation de l'autoconservation ovocytaire sociétale". Dans un contexte où les grossesses tardives sont de plus en plus fréquentes, "l'autoconservation d'ovocytes constitue un progrès médical car elle est, avec le don d'ovocytes, la seule méthode de traitement de l'infertilité réellement efficace à 40 ans et plus", note-t-il.
L'autoconservation par congélation des ovules, dont le processus a été amélioré par la vitrification (congélation rapide), est autorisée "pour raison médicale" par la loi de bioéthique. Sa pratique est devenue courante lorsque la fertilité est menacée par un traitement stérilisant (en cas de cancer par exemple).
Un nouveau droit pour les femmes
Alors que l'autoconservation de convenance est autorisée pour les hommes, il n'y a pas de raisons que cela soit impossible pour les femmes, souligne le Collège.
"Un homme peut en effet préserver du sperme avant une stérilisation masculine, ou tout simplement s'il a un empêchement professionnel le jour J d'une fécondation in vitro (FIV) pour son couple", a expliqué à l'AFP le Dr Joëlle Belaïsch-Allart, vice-présidente du Collège. "Enfin, quand des hommes présentent une infertilité relative, les médecins leurs recommandent de conserver leur sperme qui risquerait sinon de se détériorer avec l'âge", ajoute-t-elle.
Le Collège a saisi le Comité national consultatif d'Ethique (CCNE) sur cette question de l'autoconservation d'ovules non médicale.
Il juge par ailleurs "éthiquement inacceptable" de limiter, comme la loi le prévoit, l'accès à l'autoconservation aux seules femmes qui acceptent de faire un don d'ovules.
L'autoconservation d'ovocytes, oui, mais...
Si le Collège se prononce en faveur de ce nouveau droit pour les femmes, il estime en revanche "indispensable" d'informer les femmes "de la chute de la fertilité avec l'âge, des risques des grossesses tardives pour elles-mêmes et leurs enfants à naître, ainsi que des chances incertaines de réussite de l'autoconservation".
L'âge limite à partir duquel l'autoconservation rendrait illusoire les chances de grossesse reste également à déterminer, concède le collège, soucieux de ne pas donner de faux espoirs aux femmes.
Le déclin du taux de succès de l'Assistance médicale à la procréation (AMP) s'amorce dès 35 ans et s'accentue à partir de 37 ans. Il faudrait donc réaliser la conservation avant 35 ans pour un maximum d'efficacité.
En savoir plus
- Agence de la biomédecine
L'assistance médicale à la procréation. - Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF)