"Bébés Ozempic" : le médicament responsable d’une hausse de la fertilité ?
Sur les réseaux sociaux, les témoignages de femmes reliant la prise d’Ozempic à des grossesses inopinées se multiplient.
La solution miracle pour opérer au "réarmement démographique" de la France, cher à Emmanuel Macron, vient-elle d’être révélée aux yeux du monde entier ? Ici, point de bilan de fertilité ou de spermogramme dès l’âge de 25 ans pour tenter de redonner à nos concitoyens le goût de la natalité. La potentielle réponse idoine est en réalité sous les feux de l’actualité depuis plusieurs mois maintenant, et dans l’armoire à pharmacie des personnes diabétiques depuis plus longtemps encore.
Vous l’aurez peut-être deviné : il s’agit bien évidemment de l’Ozempic. Ce médicament anti-diabétique, est devenu un véritable phénomène aux États-Unis, plébiscité par les plus grandes célébrités du pays, comme Elon Musk ou Oprah Winfrey. Il doit sa popularité à un effet secondaire providentiel, sa prise régulière pouvant entraîner une importante perte de poids.
Quels sont les effets secondaires de l'Ozempic ?
Mais ce n’est pas le seul symptôme surprise provoqué par l’Ozempic, ou ses cousins médicamenteux aux effets analogues, comme le Wegovy ou le Mounjaro. Certains sont désormais bien connus, comme les aigreurs d’estomac, la baisse du risque de maladie cardiaque ou encore "l’Ozempic burp". D’autres sont plus surprenants, à l’instar d’une baisse de la performance sexuelle chez les hommes ou, paradoxalement, d’une fertilité en hausse chez les femmes !
C’est ce nouvel effet secondaire qu’a récemment mis en lumière CNN. Plusieurs femmes ont en effet affirmé à la chaîne de télévision américaine qu’elles étaient tombées enceinte quelques mois seulement après avoir commencé à suivre un traitement à base de sémaglutide, la substance active présente dans l’Ozempic ou le Wegovy responsable de la perte de poids. Ce quand bien même les médecins étaient peu confiants sur les chances de ces femmes de pouvoir procréer.
Ozempic et hausse de la fertilité, quels liens ?
Les raisons de cette hausse de la fertilité semblent être multiples. Tout d’abord, certaines femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou d’autres pathologies entraînant des cycles menstruels anormaux indiquent avoir retrouvé un cycle d’ovulation normal après avoir commencé leur traitement. En effet, la perte de poids est généralement associée avec une fertilité accrue.
"Si vous commencez à prendre ces médicaments et que vous perdez entre 5 et 15 % de votre poids corporel, vous pourrez observer une régularisation du cycle ovarien", confirme le Dr Daniel Drucker, professeur et chercheur à l'hôpital du Mont Sinaï de l'Université de Toronto et spécialiste des traitements à base de sémaglutide à CNN.
Le boom de la fertilité observé chez les utilisatrices d’Ozempic peut également s’expliquer par un autre facteur : sous l’effet du traitement, les pilules contraceptives perdent en efficacité. Cet effet secondaire ne concerne d’ailleurs pas uniquement les moyens de contraception, mais tous les autres médicaments en général.
Le Vidal, la base de référence des médicaments, précise en effet que l'Ozempic "ralentit la vidange de l'estomac et peut modifier l'absorption d'autres médicaments". Les notices de l'Ozempic ou du Wegovy signalent clairement de ne pas associer ces anti-diabétiques avec d’autres traitements pris par voie orale.
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Quels sont les risques de l'Ozempic pour le foetus ?
Attention à ne pas se réjouir trop vite de la naissance de ces futurs "bébés Ozempic". "Nous ne connaissons pas l'effet de l'exposition précoce" des traitements à base de sémaglutide "sur le foetus", avertit la Dre Jody Dushay, spécialiste en endocrinologie au Beth Israel Deaconess Medical Center et professeur à la Harvard Medical School. La médecin recommande donc aux femmes d'arrêter de prendre ces traitements deux mois avant de tenter de tomber enceintes, comme indiqué sur les notices d’utilisation.
Les rares études sur les bébés dont les mères suivaient un traitement à base d’Ozempic au début de leur grossesse n'ont pas révélé de préoccupations majeures. Des recherches antérieures menées sur des animaux appellent cependant à la prudence. "Chez les souris et les rats qui reçoivent des doses élevées de ces médicaments, très souvent, les bébés naissent avec une petite taille et, parfois, avec des malformations", explique le Dr Drucker. "Si vous restreignez l'apport énergétique chez un animal enceint, alors le bébé ne recevra pas suffisamment de nutriments et ne pourra pas grandir correctement."
L’occasion de rappeler qu’en France, "l’utilisation du médicament Ozempic (sémaglutide) doit être réservée au traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé", alertent l’ANSM et l’Assurance maladie. "Une surveillance renforcée a été mise en place pour s’assurer que les prescriptions respectent ce cadre d’utilisation", alors que "des remontées de terrain font état d’un usage détourné chez des personnes non diabétiques dans un objectif de perte de poids."
