Des moustiques transgéniques pour lutter contre la dengue
Avec sept millions de cas notifiés depuis 2000, le Brésil a été le pays le plus touché par la dengue ces dernières années. Pour éradiquer le virus, le pays mise désormais sur les moustiques transgéniques.
Le Brésil a inauguré mardi 29 juillet 2014 son premier élevage de moustiques génétiquement modifiés à grande échelle pour combattre l'insecte vecteur de la dengue. Cette maladie tropicale virale peut être mortelle sous sa forme hémorragique, et aucun vaccin n'est encore commercialisé.
L'usine à moustiques, installée à Campinas à une centaine de kilomètres de Sao Paulo, a la capacité de produire 550.000 insectes par semaine, mais sa production pourra atteindre jusqu'à dix millions de moustiques par mois.
Ces moustiques, lâchés dans la nature en quantité deux fois supérieure à celles des moustiques non transgéniques, attireront les femelles pour se reproduire. L'intérêt c'est que les larves ainsi produites n'atteindront pas l'âge adulte, ce qui réduira la population de l'Aedes aegypti, vecteur de la maladie, de manière conséquente.
Au cours d'un test réalisé à Mandacaru au Brésil, 96% des moustiques non transgéniques ont pu être éradiqués de cette façon en six mois, à raison de deux à trois lâchers de moustiques modifiés par semaine. Ce niveau a ensuite été maintenu pendant sept mois grâce à des lâchers ponctuels.
Un projet coûteux
Ce procédé a été développé en 2002 au Royaume-Uni par l'entreprise Oxitec qui a ouvert l'usine de Campinas. La société attend aujourd'hui l'autorisation de l'Agence de veille sanitaire brésilienne (Anvisa) pour pouvoir commercialiser les moustiques et les vendre aux collectivités brésiliennes. Si celle-ci est accordée, le Brésil sera le premier pays à utiliser les moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre la dengue.
Un ville de 50.000 habitants devra débourser de deux à cinq millions de réais (entre 670.000 et 1,6 million d'euro) pour bénéficier de cette méthode. Les années suivantes, il lui en coûtera un million de réais (335.000 euros) pour maintenir la population d'insectes transgéniques.
500.000 hospitalisations chaque année
Des initiatives similaires sont menées en ce moment en Australie, en Indonésie et au Vietnam, et d'autres devraient être lancées à Rio de Janeiro et à Guangzhou en Chine. La méthode a également donné des résultats prometteurs pour lutter contre le chikungunya et la fièvre jaune, précise le site du programme "Eliminate Dengue", dirigé par le Pr Scott O'Neill, de l'université Monash de Melbourne.
Aussi appelée "grippe tropicale", la dengue une maladie virale transmise à l'homme par des moustiques du genre Aedes. L'incidence de la dengue progresse actuellement de manière très importante, et elle est aujourd'hui inscrite au rang des maladies "ré-émergentes". L'OMS estime à cinquante millions le nombre de cas annuel, dont 500.000 cas de dengue hémorragique qui sont mortels dans plus de 20% des cas.
Deux milliards et demi de personnes vivent dans des zones à risque. Initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales, la dengue a touché l'Europe où les deux premiers cas autochtones ont été recensés en 2010.
VOIR AUSSI