Diabète : une hormone pour régénérer les cellules productrices d'insuline ?
Des chercheurs de l'Université Harvard ont découvert l'existence d'une hormone favorisant la multiplication rapide des cellules productrices d'insuline. Les scientifiques estiment qu'un traitement à base de cette hormone pourrait rapidement être proposé aux personnes atteintes de diabète de type 2. Leur découverte fait l'objet d'une publication dans l'édition du 9 mai 2013 de la revue Cell.
L'insuline, qui permet au glucose d'être incorporé par les cellules de l'organisme, est produite en quantité importante par l'organisme de la femme enceinte. Des chercheurs, spécialisés dans l'étude des cellules souches, ont cherché à savoir quels processus spécifiques gouvernaient ce phénomène.
Le 10 février 2011 - plus de quatre années après le lancement du programme de recherche - Peng Yi, un membre de l'équipe du professeur Doug Melton, observe au microscope une coupe de pancréas de souris enceinte. Sous la lentille de son instrument, les cellules bêta du pancréas (qui produisent l'insuline) se multiplient à vue d'œil. Le jeune chercheur réalise un cliché du phénomène, qu'il transmet immédiatement à son supérieur.
"Sur ce type de photographie, explique le professeur Doug Melton, "il est généralement difficile de distinguer [les cellules bêta]. Ici, bien au contraire, toutes les cellules étaient en division et scintillaient à l'image." Le taux de réplication des cellules apparaît en effet près de trente fois supérieur à la normale...
Le responsable de cette rapide division des cellules bêta est rapidement identifié, une molécule sécrétée par l'organisme de l'animal étudié. Peng Yi lui donne le nom provisoire d'"hormone lapin" - tout d'abord parce que la découverte a été réalisée l'année chinoise du lapin, mais aussi et surtout parce que les cellules bêta, sous son influence, prolifèrent à l'image des mammifères !
L'hormone, finalement renommée betatrophine (littéralement : "qui stimule les cellules bêta"), se révèle présente à l'état naturel dans l'organisme humain, où elle semble jouer un rôle identique.
A l'occasion d'une communication à la presse, le professeur Melton explique que l'administration de bétatrophine pourrait théoriquement être administrée aux personnes atteintes de diabète de type 2, qui possèdent un nombre trop faible de cellules bêta fonctionnelles : "Cela signifierait qu'au lieu de prendre des injections d'insuline trois fois par jour, vous pourriez prendre une injection de [betatrophine] une fois par semaine, une fois par mois, voire peut-être même une fois par an !"
Une thérapie par betatrophine consisterait ainsi "simplement" en une régénération rapide des cellules bêta de l'organisme. Une fois présente en nombre, celles-ci sécrètent l'insuline en fonction des besoins de l'organisme (les mécanismes de régulation de la production n'étant pas en cause dans le déficit d'insuline des diabétiques).
Si le scientifique juge nécessaire d'approfondir les recherches sur la betatrophine, il estime néanmoins que des essais cliniques utilisant l'hormone comme traitement du diabète humain de type 2 pourrait débuter d'ici trois à cinq ans. Il juge également plausible l'exploitation de sa découverte pour de futurs traitements du diabète de type 1.
Source : Betatrophin: A Hormone that Controls Pancreatic β Cell Proliferation. Peng Yi, Ji-Sun Park, Douglas A. Melton. Cell, 2013. doi:10.1016/j.cell.2013.04.008
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