Fast track : un nouveau protocole pour mieux récupérer après une césarienne
Récupérer au plus vite après une opération, c'est l'objectif de la chirurgie "fast track", un concept mis au point au début des années 2000 par un médecin danois. Depuis quelques années, plusieurs services hospitaliers français ont repris ce concept à leur compte. Tout est fait pour favoriser l'autonomie du patient et un retour à domicile rapide. À la maternité de la clinique des Franciscaines à Versailles, toutes les mamans ayant une césarienne programmée (à cause d'une présentation en siège ou d'un bassin trop étroit) bénéficient d'un protocole de réhabilitation précoce.
Le fast track a pour objectif de permettre aux patientes de récupérer au plus vite de l'intervention. La nouvelle procédure s'applique dès l'anesthésie, où les médicaments sont un peu différents de ceux utilisés habituellement. "Nous n'utilisons plus de morphine d'action longue qui est toujours à l'origine de nausées, de vomissements, de somnolence… qui sont des freins à l'autonomie des patientes en suite de couche", explique le Dr Frédéric Martin, anesthésiste-réanimateur à la clinique des Franciscaines. Et si la pose d'une sonde urinaire n'est plus systématique dans ce protocole, le reste de l'intervention se déroule de manière classique.
Les sutures sont en revanche réalisées pour simplifier les suites opératoires. "Un petit plus est de fermer la peau avec de la colle pour supprimer la douleur liée aux agrafes et de permettre à la cicatrice d'être étanche ce qui permet à la patiente de prendre sa douche dès le premier ou deuxième jour", confie le Dr Bénédicte Simon, gynécologue-obstétricien à la clinique des Franciscaines.
Les patientes sont ensuite emmenées en salle de réveil pour une surveillance de deux heures. Elles bénéficient alors d'une anesthésie spécifique de la zone opérée, il s'agit d'une des étapes clés de cette procédure qui vise à mieux prendre en charge la douleur.
De retour dans leur chambre, les patientes peuvent très rapidement bénéficier d'un repas. Une réalimentation précoce qui contraste avec les habitudes en vigueur dans la plupart des maternités. "Dans certains endroits, on attendait la reprise des gaz et donc d'un transit avant de réalimenter les patientes. Mais on s'est rendu compte que cela ne servait à rien et n'avait aucun impact. Au contraire cela pouvait ralentir la rééducation et la reprise d'autonomie des patientes", note le Dr Frédéric Martin.
La marche est également une étape fondamentale du retour à l'autonomie. Quelques heures à peine après la césarienne, les infirmières proposent aux jeunes mamans de sortir de leur lit et de faire quelques pas.
Si les mamans qui suivent ce protocole restent à la maternité cinq jours comme toutes les autres femmes ayant eu une césarienne, à long terme l'objectif de ces protocoles de réhabilitation précoce est de raccourcir la durée d'hospitalisation. Un intérêt non négligeable pour le système de santé comme l'explique le Dr Dan Benhamou, président de la Société française d'anesthésie et de réanimation : "Si cette réhabilitation post-césarienne permet aux mamans de pouvoir rentrer plus vite chez elles, un jour, deux jours voire trois jours de moins à l'hôpital, cela peut aboutir à des économies de santé importantes en sachant qu'une journée d'hospitalisation représente aujourd'hui entre 1.000 et 2.000 euros par jour".
Selon une étude menée en Ile-de-France, moins de 5% des maternités ont mis en place ce type de protocole. Mais au-delà de l'intérêt des mamans, ces initiatives sont appelées à se développer. Avec 160.000 césariennes pratiquées chaque année en France, la réhabilitation précoce pourrait générer des économies conséquentes.
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