Greffe d'utérus : plusieurs pistes à l'étude
En 2011, elle était devenue la première femme au monde à bénéficier d'une greffe d'utérus avec succès. Aujourd'hui, Derya Sert annonce sa première grossesse. Un événement encore inespéré il y a quelques années pour cette femme née sans utérus.
Née sans utérus, Derya Sert était devenue en août 2011 la première femme au monde à bénéficier, avec succès, d'une greffe d'utérus d'une donneuse décédée. La réussite de l'intervention réalisée par des médecins de l'hôpital universitaire Akdeniz à Antalya, en Turquie, avait alors redonné espoir aux milliers de femmes dans l'incapacité de porter un enfant.
"Il faut rester prudent"
Le 12 avril 2013, la même équipe médicale a de nouveau annoncé une première mondiale, la même patiente, Derya Ster, est désormais enceinte. Les médecins ont implanté plusieurs embryons fécondés in vitro dans l'utérus de cette jeune Turque de 22 ans.
Après des tests préliminaires, le corps médical a estimé que l'état de la patiente était compatible avec une grossesse. Si cela présente de nombreux risques, tout semble se passer pour le mieux jusqu'à présent.
Le Pr René Frydman, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Foch de Suresnes, en région parisienne, reste lui prudent : "nous sommes au tout début de la grossesse. On n'a pas encore assez de recul pour voir si l'utérus va bien se développer, vasculariser correctement, c'est donc un peu une aventure."
Un espoir pour de nombreuses femmes
Néanmoins, cette expérience représente un espoir pour de nombreuses femmes dans l'impossibilité de tomber enceinte.
"Il y a plusieurs équipes dans le monde qui envisagent la greffe de l'utérus. La plus avancée sur le plan scientifique est sans doute l'étude suédoise, celle de Mats Brännström, professeur de gynécologie-obstétrique à l'Université de Göteborg et directeur de l'équipe de recherche. Il a énormément travaillé chez l'animal, je crois qu'il en est aujourd’hui à sa dixième greffe. En France il y a aussi deux équipes qui envisagent ce travail. On en est aux préliminaires. Cela pose bien sûr plusieurs problèmes : d'où vient l'utérus ? Pour quoi le faire ? A qui le faire ? Quels sont les risques encourus ? C'est assez passionnant", développe le Pr René Frydman.
Aujourd'hui, les utérus greffés proviennent, la plupart du temps, de prélèvements chez des personnes en état de mort cérébrale. Mais certaines équipes de recherche, comme l'équipe suédoise, travaillent sur des dons du vivant.
En France, le Comité consultatif national d'éthique étudie actuellement la question.
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