Histoire de la découverte de la radioactivité
L’histoire de la radioactivité a commencé le 26 février 1896, quand le physicien Henri Becquerel fait une découverte par le plus grand des hasards. En 1898, Pierre Curie donne le nom de radioactivité à cette découverte, qui va ébranler le monde scientifique.
Comment découvre-t-on la radioactivité ?
Le 26 février 1896, le physicien Henri Becquerel a enfermé par hasard, dans un tiroir des cailloux d'uranium avec des plaques photographiques. Quatre jours plus tard, il a découvert en développant les plaques photographiques, la silhouette des cailloux d’uranium. Il a compris que l’uranium produisait un rayonnement invisible. Cette découverte, pour laquelle Pierre Curie proposera en 1898, le terme de radioactivité. Mais très vite, les physiciens se sont interrogés sur les effets des substances radioactives sur les êtres vivants. C’est toujours Becquerel qui a découvert, après avoir oublié un tube de radium dans une poche de son gilet, une rougeur sur sa peau puis une brûlure, dont il a suivi l’évolution en bon scientifique. Pierre et Marie Curie ont fait de même. Ils se sont demandés pourquoi ne pas utiliser cet effet de la radioactivité pour traiter les troubles cutanés ? On va donc traiter les tumeurs cutanés dès 1901, mais aussi les verrues, l’acné, l’herpès, l’eczéma. Tout au long des années 20, les médecins rédigeront à la chaîne des ordonnances de radium pour l'arthrite, la goutte, l'hypertension, la sciatique, le lumbago et le diabète.
Après la découverte de la radioactivité , va-t-on s'en servir uniquement dans un but médical ?
On a utilisé le radium à tort et à travers. Mais surtout pour la publicité, qui s’appelait alors la réclame, qui s’est emparée de ces produits commercialisés, souvent par des charlatans. Vous avez froid ? Pourquoi ne pas utiliser la laine au radium ? Elle était préconisée dans la confection de layettes des nourrissons pour ses "extraordinaires effets de stimulation organique, d'excitation cellulaire" transmis par le radium. Pour éviter les risques du froid, on achetait les sous vêtements radioactifs du docteur Baurey . On mangeait du chocolat Burkbraun au radium, comme aliment énergétique. Ce chocolat était ni plus ni moins, que du chocolat auquel on avait adjoint du bromure de radium, ce qui avait un "effet rajeunisseur". On avait même des fontaines à eau radioactive, et même, un apéritif avec du radium.
Pouvez-vous nous parler des crèmes radioactives ?
Il a été commercialisé dans les années 30, une crème Tho-Radia à base de radium. Elle avait été réalisée selon la formule par le Dr Alfred Curie. "La science a créé Tho-Radia pour embellir les femmes. À elles d'en profiter. Reste laide qui veut !", affirmait le slogan d'une publicité qui vantait les bienfaits de ce produit. Le succès de cette crème a été si important, que Tho-Radia, qui était le nom de la société, a décliné son principe à toutes sortes de produits. C’est ainsi que sont apparus la poudre Tho-Radia, qui contenait du titane en plus du radium et du thorium, le savon, préconisé pour le démaquillage à base de radium, et des soins à base de radium pour la toilette des bébés. Enfin, il existait même un dentifrice Tho-Radia.
Quand s'est-on intéressé aux effets mutagènes ?
On s’est très vite aperçu des effets nocifs de la radioactivité dont ont été victimes, d’abord ceux qui travaillaient sur cette matière, comme Marie Curie en particulier. Il a fallu attendre 1927 pour qu’Hermann Joseph Muller découvre les effets mutagènes des radiations, en particulier les risques de cancer. Et c’est surtout à partir de 1945 qu’on a pris conscience de l'horreur et de la désolation, engendré par la radioactivité avec l'explosion des bombes atomiques à Hiroshima et à Nagasaki. Cela n’a pas empêché de continuer à utiliser le radium. On peignait par exemple les aiguilles de montre et les statues pieuses, d'un mélange de radium et de sulfure de zinc, pour les rendre phosphorescentes. Des milliers de paratonnerres radioactifs ont aussi été installés en France.
Et quand a-t-on véritablement commencé à s'inquiéter ?
On a pris de plus en plus conscience dans les années 1960/70, que les radiations étaient à la fois destructrices, invisibles et inodores. Et c’est là, qu’on a commencé à utiliser plus largement des machines permettant de détecter et de mesurer les radiations. Cet instrument de mesure, dont le principe a été imaginé vers 1913 par Hans Geiger, a été mis au point par Geiger lui-même, et par Walther Müller en 1928. Le babiline permet de détecter les zones où il y a de la radioactivité. Le dosimètre de Hammer identifie le radium, et le DSM22 permet la recherche de radiations.
On a alors arrêté de fabriquer de la nourriture radioactive ?
Oui, mais pas complètement. Fin 2006, un ancien espion russe Alexandre Litvinenko a été tué en plein centre de Londres par des amis, pas très bien intentionnés qui lui ont donné du thé rempli de polonium. Ils l’ont amené dans un restaurant japonais manger des sushis, dans lesquels ils avaient introduit également du polonium. Non seulement il est mort, mais il y a eu des innocents qui ont été contaminés par le polonium. C’est ce qu’a établi par la suite Scotland Yard.
En savoir plus :