Jean-Luc Mélenchon : remboursement à 100 % des besoins de santé
La santé reste un thème peu abordé dans les programmes des candidats à l'élection présidentielle. Pourtant elle reste un des principaux sujets de préoccupation des Français. Nous avons posé sept questions, identiques, aux six candidats en tête des sondages. Avenir de l'hôpital, remboursement des médicaments, dépendance, inégalité des soins, bulletin de santé du président de la République... Des questions qui apparaissent rarement dans les meetings et les interviews.
Sept questions à Jean-Luc Mélenchon
Sept questions à Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle
- Comment allez-vous ? Comment faites-vous pour garder la forme pendant cette campagne présidentielle ?
NDLR : le candidat n’a pas souhaité répondre à ces questions personnelles.
- Quelle sera votre première réforme santé si vous êtes élu ?
Jean-Luc Mélenchon : "Tous les Français doivent pouvoir se faire soigner. Nous supprimerons donc immédiatement les franchises médicales. De même, nous décrèterons un moratoire sur toutes les fermetures d'équipements médicaux. Nous engagerons ensuite une réforme d'ensemble du système de santé français qui soit une vraie rupture avec les politiques suivies depuis des années, nous abrogerons les lois qui ont conduit à la faillite de notre système sanitaire et social et instaurerons le remboursement à 100 % des besoins de santé."
- Reviendrez-vous sur la tarification à l’activité à l'hôpital ?
Jean-Luc Mélenchon : "J’évoquais précédemment l’abrogation de lois. Cela inclut celles portant sur le financement comme la Tarification à l'activité (T2A). Il faut repenser un financement basé sur des forfaits pour toutes les dimensions des missions de service public à reconquérir et à renforcer. Nous dénonçons aussi le fait que les tarifs appliqués par la T2A ne sont pas en lien avec les coûts réels des activités pour les établissements publics. Nous ne voulons plus d'une enveloppe nationale bloquée et construite sans lien ni en réponse aux besoins de la population. Il faut remettre la santé au service de la réponse aux besoins de santé de la population."
- Les Affections Longue Durée (ALD) concernent 15 % des assurés et représentent 60 % des remboursements, et ces chiffres sont en constante augmentation. Comptez-vous supprimer la prise en charge à 100 % d’autres maladies chroniques, comme cela a été fait en juin 2011 pour l’hypertension artérielle ?
Jean-Luc Mélenchon : "Au contraire, le Front de Gauche porte la proposition de passer les remboursements des actes médicaux et des soins prescrits à 100 % par l'Assurance-maladie de la sécurité sociale, comme l'avaient souhaité les pères de la sécu. C'était possible en 1946, cela l'est plus que jamais en 2012 et surtout c'est indispensable pour en finir avec le renoncement aux soins de plus d'un tiers de nos concitoyens."
- En 2040, on estime que 3 Français sur 100 souffriront d’une maladie cérébrale dégénérative, type Alzheimer. Comment comptez-vous prendre en charge leur dépendance ?
Jean-Luc Mélenchon : "La partie soins de la perte d'autonomie sera assurée à 100% par l'assurance maladie de la sécurité sociale. La perte d'autonomie est une des étapes possibles de la vie, la sécurité sociale a vocation à les prendre toutes en charge. Nous compléterons avec le développement des services publics (logements, transports, etc.) et nous mettrons en place un grand service public de l'autonomie."
- Quelles mesures comptez vous prendre pour pallier l’inégalité d’accès aux soins et enrayer la multiplication des déserts médicaux ?
Jean-Luc Mélenchon : "Nous voulons une augmentation sensible et pérenne sur la mandature des numerus clausus pour rattraper le retard accumulé et faire face aux nouveaux besoins. Nous voulons renforcer l'attractivité de certaines zones rurales ou périurbaine avec le développement des centres de santé qui correspondent à l'aspiration des professionnels au travail collectif. Nous engagerons une négociation d'une nouvelle convention médicale conclue obligatoirement par un accord majoritaire et mettant en place un secteur unique mais rémunérant correctement les médecins notamment au vu de leur long cursus universitaire. Nous rechercherons toutes les formes d'incitations pour en finir avec la situation actuelle qui n'est pas acceptable et que nous combattons. Il ne faut plus de désert médicaux."
- Si vous êtes élu, publierez-vous un bulletin de santé régulièrement ? Quel médecin le rédigera? Quelles informations comprendra ce bulletin de santé ?
Jean-Luc Mélenchon : "Tous les citoyens ont droit à la confidentialité concernant leur santé. Il en est de même pour le Président de la République. C'est uniquement dans le cas où un problème de santé porterait gravement atteinte à l'exercice des fonctions présidentielles qu'il pourrait en être fait état. La focalisation sur la santé du président est surtout un symptôme de la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul homme sous la Vème République. Dans la VIème République que je défends, la fin de la monarchie présidentielle et la primauté de l'Assemblée nationale rendront moins centrale la question de la santé du président de la République."
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Son programme santé
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche, fait une large place aux préoccupations de santé dans son programme : gratuité de l'accès aux soins, défense de l’hôpital public, santé au travail, défense de l'IVG...
Une des mesures phares de son programme est le remboursement intégral à 100 % des dépenses de santé couvertes par la Sécurité sociale, en y incluant les lunettes, les soins dentaires et auditifs, ainsi que l'interruption volontaire de grossesse. Son programme contient de nombreuses autres mesures.
Hôpitaux et accès aux soins
- Suppression de la tarification à l'activité (T2A).
- Suppression de la loi du 5 juillet 2011 sur la psychiatrie, qui instaure des soins sans consentement à domicile.
- Utilisation de la médecine ambulatoire pour développer la prise en charge technique nécessaire sans l'opposer à la proximité, pour réduire les temps d'attente et contribuer à la coopération des professionnels.
- Promotion des centres de santé et respect de leur vocation initiale d’accès aux soins pour tous.
- Pour faire face à la pénurie des médecins généralistes et de certaines spécialités, augmentation du nombre d'étudiants à l'entrée des études de médecines de manière significative dans la perspective de la suppression du numerus clausus.
- Revalorisation de la médecine générale considérée comme une spécialité, revalorisée dans la formation, dans sa rémunération et sa reconnaissance universitaire. Développement de nouvelles formes de rémunération intégrant l'élaboration des dossiers, la prévention et l'éducation à la santé.
- Négociation pour redéfinir une nouvelle convention médicale, remettant en cause les dépassements d'honoraires et créant de vraies incitations à l'installation (financières, techniques, d'aide à l'installation ou à l'équipement, etc.) pour en finir avec la désertification médicale.
Médicament
- Création d'un pôle public du médicament pour libérer la recherche pharmaceutique de la soumission aux marchés et aux laboratoires. Ce pôle public serait chargé de la production d’une partie des médicaments, du contrôle du système de sécurité des médicaments, de leur mise sur le marché et de relancer la recherche publique.
- Préservation de l'aide médicale d'Etat.
- Suppression des agences régionales de santé.
- Suppression des forfaits et franchises médicales.
Santé au travail
- Cause nationale dès la première année de mandat, et concertation avec les personnels de la santé et les représentants des salariés pour un réinvestissement massif de l'État dans la médecine du travail.
IVG
- Inscription dans la Constitution du droit à l'avortement. Fin des fermetures de centres d'IVG. Gratuité de l’accès à la contraception et à l'IVG.
Euthanasie
- Inscription, dans la Constitution, du droit de "décider de sa propre fin et d'être assisté lorsqu'on en décide".
Handicapés
- Augmentation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), dont le montant maximum est actuellement de 742 euros, au niveau du smic (1 398 euros bruts par mois), proposition aussi défendue par Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière (LO) et Philippe Poutou du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA).
Environnement
- Projet de législation contre l'utilisation de molécules chimiques qui nuisent à la santé.
- Interdiction des OGM en plein champ et de la vente libre des pesticides et herbicides chimiques nocifs pour la santé, comme le Roundup®.
En savoir plus : Le programme de Jean-Luc Mélenchon
Le programme santé des autres candidats :