L'Académie de pharmacie s'oppose aux salles de consommation de drogues
L'Académie de pharmacie a communiqué ce 3 mars 2014 sur un avis formulé fin février, se prononçant contre l'ouverture de "salles de consommation contrôlée de drogues" prévue par le gouvernement dans le cadre d'un projet d'expérimentation.
"L'Académie nationale de pharmacie émet un avis défavorable à l'expérimentation de salles d'injection contrôlée de 'drogues de rue' telle qu'elle est actuellement définie dans le projet", indique-t-elle dans un communiqué.
Le principal argument avancé par les membres de l’Académie de pharmacie concerne l’impossibilité de contrôler la composition des produits qu'apporteraient les usagers de drogues dans ces locaux. "Les rares études plutôt favorables à ce genre d’expérimentation concern[e]nt l'usage d'héroïne médicinale, et non celui de 'drogues de la rue', comme dans le cas présent", affirment-ils.
L'Académie exprime en outre son scepticisme sur le principe même de sites tolérant la consommation de drogue : "l'objectif [est] de venir en aide à ces patients et non d'entretenir leurs addictions", justifie-t-elle.
Plus de moyens pour les stratégies déjà existantes
L'Académie demande un "renforcement des moyens alloués aux centres de soins pour toxicomanes et aux unités d'addictologie".
Le projet d'ouverture de premières salles expérimentales de consommation de drogues avait reçu un coup d'arrêt temporaire par le Conseil d'État à l'automne 2013. La haute juridiction avait recommandé au gouvernement d'élaborer au préalable une loi spécifique sur ce sujet.
La ministre de la Santé avait alors indiqué que le gouvernement présenterait un projet de loi pour "sécuriser juridiquement" le projet.
Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) a déclaré fin janvier 2014 qu'un "texte de loi" était bien en "préparation" pour permettre d'ouvrir une première salle à Paris, prévue près de la Gare du Nord.
En savoir plus sur les sites d'injection supervisée
D'autres institutions, telles que l'Inserm, jugent que ces sites permettent, dans de nombreux pays, une réduction significative des risques infectieux chez les usagers de drogues. Pour une ONG telle que Médecins du monde, les salles de consommation permettraient de diminuer la consommation dans des lieux publics, de réduire la transmission par seringues usagées des virus du sida et de l'hépatite C et de limiter le nombre d'overdoses mortelles.