L'école rend-elle malade ?
Une étude pointe du doigt la pollution de l'air dans les écoles françaises, et fait le lien avec les symptômes allergiques et respiratoires des enfants qui y étudient. Un constat alarmant sachant qu'un enfant passe en moyenne huit heures par jour dans sa salle de classe.
La relation entre la mauvaise qualité de l'air intérieur des écoles, la santé allergique et respiratoire des enfants scolarisés avait été jusque là peu étudiée. Mais l'équipe EPAR d'Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche Inserm, s'est penchée sur cette question. Elle a mené une étude dans six villes de France (Bordeaux, Clermont-Ferrand, Créteil, Marseille, Strasbourg et Reims) sur un échantillon de 401 classes dans 108 écoles primaires. L'objectif ? Evaluer l'exposition des enfants âgés de 10 ans en moyenne, aux principaux polluants atmosphériques des classes et étudier le lien avec le développement de l'asthme et des rhinites.
Les résultats obtenus par l'équipe de recherche sont très préoccupants : environ 30 % des enfants suivis sont exposés à des niveaux de polluants atmosphériques supérieurs aux valeurs guides recommandées par l'OMS et l'ANSES. Et cette exposition est liée à une augmentation de l'asthme et des rhinites, les enfants allergiques étant les populations les plus à risques.
Les enfants cernés par les polluants
L'air des classes a été passé au crible. Les chercheurs ont analysé pendant une année scolaire les concentrations de différents polluants atmosphériques dans les écoles : les particules fines, le dioxyde d'azote et trois aldéhydes (formaldéhyde, acétaldéhyde et acroléine). Les particules fines et le dioxyde d'azote proviennent essentiellement de la combustion automobile et peuvent pénétrer les intérieurs par transfert, c'est-à-dire en ouvrant la fenêtre. Les aldéhydes, quant à eux, sont des polluants intérieurs issus des produits de combustion (cigarette, bougies, encens, cheminée, cuisinières à gaz), de construction et de décoration (bois, parquets stratifiés, des colles de moquettes, des papiers peints, mais également des vernis, des mousses isolantes), d'entretien (détergents, désinfectants, lingettes) et de traitement (insecticides).
Des symptômes avérés
Parallèlement au recueil de ces données environnementales, les chercheurs ont étudié les signes cliniques des enfants recueillis lors d'une visite médicale comportant un test cutané aux 11 allergènes les plus communs (acariens, chat, pollens…) et un test pour détecter l'asthme à l'effort. Ces données ont été complétées par un questionnaire rempli par les parents.
"L'exposition à des concentrations élevées de particules et composés organiques volatils est associée à une augmentation de la prévalence des signes cliniques de l'asthme et des rhinites chez les enfants scolarisés. Les enfants sujets aux allergies semblent les plus à risque", a indiqué la chercheuse.
"La mauvaise qualité de l'air intérieur pourrait à terme détériorer la santé allergique et respiratoire des enfants qui passent en moyenne huit heures par jour à l'école. Il est donc important de maintenir une bonne qualité de l'air en classe. Cela permettrait de limiter les risques de développer les signes cliniques des rhinites et de l'asthme. Cette action doit être accompagnée d'une surveillance stricte de l'exposition des enfants aux polluants à la maison et à l'extérieur ", conclut l'équipe de recherche.
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Ailleurs sur le web :
- Inserm
- "Qualité de l'air intérieur et santé respiratoire à l'école", 29 mars 2012