Le nombre de morts sur les routes à son plus bas niveau historique en 2013
Le nombre de morts sur les routes a reculé de 11% en 2013, a annoncé lundi 20 janvier le ministère de l'Intérieur. Il ne s'agit pas d'un "nouveau record" en terme de baisse : le nombre de personnes tuées a atteint "son plus bas niveau [depuis que ces données sont collectées]", avec 3.250 morts. Le ministre de l'Intérieur a toutefois appelé à ne pas relâcher l'effort face à un bilan qui reste "effrayant".
"Le bilan de l'année 2013 est encourageant, c'est un niveau bas historique, le plus bas depuis 1948, année des premières statistiques", a déclaré le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse place Beauvau.
En baisse de 11% par rapport à 2012, soit 403 vies épargnées, le nombre de personnes tuées s'est élevé à 3.250 en 2013. C'est une "amplification" du recul, déjà sans précédent, enregistré en 2012 (-8% par rapport à 2011).
L'objectif n'est pas encore atteint
Pour autant, ce bilan "ne peut être satisfaisant", a estimé Manuel Valls. "La route connaît encore [...] beaucoup trop de drames, qui brisent des vies", a-t-il insisté. "Neuf personnes meurent tous les jours sur la route", ce qui constitue "un chiffre effrayant".
Appelant à "encore progresser", le ministre a réaffirmé son objectif : passer sous la barre des 2.000 morts "d'ici 2020".
La mortalité des 18-24 ans est en recul de 10%, a-t-il détaillé. Le nombre de motocyclistes décédés "baisse aussi, mais dans une moindre mesure" (-3%).
La baisse de la mortalité des voitures de tourisme est "la plus importante" (-14%). Celle des cyclistes "reprend une tendance baissière" (-8%) après une hausse en 2012, même si elle se situe "encore à un niveau supérieur à 2010".
Le nombre de piétons tués recule également de 7%.
Seul point noir : les poids lourds, avec un nombre de personnes tuées en augmentation de 9%, une "inversion de tendance après une forte réduction ces dernières années", selon les responsables de la sécurité routière.
Alcool (20%) et vitesse (25%) sont les deux principales causes d'accident mortel.
Avant même la publication de ce bilan, les responsables et experts de la sécurité routière avaient livré des pistes d'analyse de cette baisse record : campagnes chocs, déploiement très médiatisé des premiers radars mobiles, conditions météo n'incitant pas aux déplacements, hausse du prix du carburant ayant favorisé l'éco-conduite.
Pour l'Automobile club association "c'est le bon comportement des automobilistes" et non la crise ou les conditions météo qui sont à l'origine de cette baisse des tués. "Depuis dix ans, au regard de l'évolution du parc automobile et du trafic routier en progression, nous assistons en réalité à une amélioration régulière de la sécurité routière en France", est-il écrit dans un communiqué.
Nouvelles mesures
L'Association prévention routière juge "indispensable" de prendre de nouvelles mesures concernant notamment la vitesse, l'alcool, le téléphone, en ciblant les "usagers de la route les plus vulnérables" que sont les motards, les piétons et les cyclistes.
Au cours de la conférence de presse du lundi 20 janvier, Manuel Valls n'avait annoncé aucune nouvelle mesure pour lutter contre ce fléau. Toutefois, à l'occasion d'une interview sur BFMTV, mardi 21 janvier, le ministre de l'Intérieur a annoncé souhaiter expérimenter "cette année", et "dans quelques départements", une limitation de la vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire (actuellement à 90 km/h) - une disposition préconisée dans un récent rapport du comité des experts du Conseil national de la sécurité routière (CNSR).
Manuel Valls a renvoyé d'éventuelles décisions à un Comité interministériel de la sécurité routière (CISR) sous l'autorité du Premier ministre, mi-2014. Ce comité se penchera aussi sur d'autres pistes, comme les "éthylotests anti-démarrage" ou l'installation de boîtes noires dans les voitures.
Le ministre a promis de poursuivre et amplifier les campagnes de communication, notamment en direction des jeunes, ainsi que la modernisation des radars, au nombre de 4.097 en France.
Il a néanmoins précisé que leur multiplication "à l'infini" n'était pas d'actualité. "Nous sommes arrivés à maturité du déploiement", a-t-il dit, mais il "faut garder cet outil".
Sur un autre sujet sensible, la contraventionnalisation "de certains délits routiers" récemment prônée par la garde des Sceaux Christiane Taubira, le ministre de l'Intérieur a mis en garde : il ne s'agit pas de "dépénalisation des infractions routières les plus graves" mais de "moderniser la justice pénale [...] sans donner le sentiment de baisser la garde".