Moto : de nouvelles normes pour des casques plus sûrs ?
En 2013, malgré le port du casque aujourd'hui obligatoire, 664 motards ont péri sur les routes de France. Un laboratoire spécialisé et la Fondation MAIF s'inquiètent. En cas d'accident, les têtes des motards et celles des cyclistes ne sont pas assez protégées. Ils réclament de nouvelles normes.
En 2013, selon les chiffres de la Prévention routière, les motocyclistes représentaient 19% des tués sur les routes. La faute à leur plus grande vulnérabilité lors des chocs. Mais aussi à des casques pas tout à fait adaptés. Même si le port du casque est aujourd'hui généralisé, et que chaque casque est soumis à une norme européenne, des chercheurs en biomécanique de l'Institut de mécanique des fluides et solides (IMFS) de Strasbourg estiment qu'ils pourraient être encore améliorés pour mieux protéger la tête des motards et cyclistes.
Ce laboratoire est l'un des huit au monde où l'on étudie la biomécanique du cou et de la tête humaine. Les ingénieurs y mesurent les propriétés mécaniques d'un crâne, sa résistance et les déformations qu'il subit lors d'un choc.
Revoir les normes
Le Pr Willinger, qui dirige l'institut alsacien est catégorique : tous les casques que l'on trouve actuellement sur le marché, même s'ils sont homologués, ne protègent pas suffisamment leur propriétaire des risques réels de traumatisme (type fracture, hématomes au cerveau, lésions neurologiques).
Interrogé dans le Parisien, l'ingénieur en biomécanique, remet en question les normes. "Les critères d'homologation actuels, les casques y répondent tous. Certains font même mieux que le minimum requis. Mais le consommateur, qui peut aujourd'hui tout savoir des performances d'un appareil photo ou d'une machine à laver, n'est pas armé pour faire le tri : le niveau d'homologation ne figure nulle part, le prix n'est pas un indicateur. Mais, surtout, ces critères ne sauvent pas !", explique l'ingénieur.
Les crashs tests infligés aux casques, élaborés à partir de l'avènement de l'automobile dans les années 50, n'ont que peu évolué. Ils mesurent surtout la capacité à absorber l'impact d'une accélération-décélération, et les chocs frontaux et latéraux sont évalués de la même manière, note Rémy Willinger. "Les chocs latéraux sont pourtant beaucoup plus dangereux, parce qu'ils provoquent 80 à 100% de risque de lésions neurologiques", explique le chercheur.
Dans les crashs tests pratiqués actuellement, les casques sont uniquement propulsés de manière linéaire, sur une surface plate : "Une collision n'est pourtant pas toujours rectiligne ! Un impact provoque en outre toujours un choc tangentiel : en heurtant un obstacle, il se crée toujours une rotation du crâne, que les tests ne prennent absolument pas en compte alors que c'est néfaste, c'est notamment ce qui peut cisailler les neurones !".
Des nouveaux casques plus protecteurs
Pour qu'une nouvelle génération de casques, plus protecteurs, voit le jour, le laboratoire de René Willinger a mis au point un nouveau genre de crashs tests. Les chercheurs ont développé un nouveau modèle mécanique théorique de tête qu'ils ont associé à plus de 200 accidents avec traumatismes crâniens. Objectif : prédire quels types de blessures correspondent à quels chocs. En prenant ainsi en compte des critères plus réalistes, ce nouvel outil de simulation, unique au monde, pourrait servir à faire évoluer les casques de demain, pour que motards et cyclistes soient mieux protégés sur les routes.
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