Les risques de la mésothérapie à visée esthétique
La mésothérapie consiste à injecter des médicaments ou autres produits localement, à proximité de la zone à traiter, afin d'éviter la circulation de ces produits dans l'organisme et de diminuer les doses utilisées. Cette technique est surtout utilisée pour traiter la douleur, mais certains médecins s'en servent dans un but esthétique. Une pratique qui n'est pas dénuée de risques.
Tout a commencé en 2006, après un régime qui lui a permis de perdre 6 kilos, Catherine L. décide de suivre quelques séances de mésothérapie, pour améliorer l'état de sa peau. Les premières séances se passent bien. Jusqu'au quatrième rendez-vous. Des petits nodules ont commencé à apparaître sous la peau. Rien d'alarmant pour la mésothérapeute qui, après les hanches et les cuisses, poursuit les injections sur le ventre. Les mêmes nodules apparaissent également à cet endroit.
Catherine décide alors de consulter un spécialiste des maladies infectieuses. Diagnostic : elle est infectée par une mycobactérie très dangereuse pour l'homme, dont l'origine est l'eau du robinet, avec laquelle le médecin nettoyait le pistolet injecteur. Trois opérations et un traitement antibiotique de plusieurs mois seront nécessaires pour venir à bout de cette bactérie. Mais, huit ans plus tard, les cicatrices sont toujours là. Au total, ce sont seize patients de la mésothérapeute qui ont été infectés. Le médecin et le fabricant du pistolet injecteur ont été reconnus coupables et condamnés à verser plus de 130.000 euros de dommages et intérêts aux victimes.
Après cette affaire, les autorités ont voulu évaluer les risques liés à cette pratique. La Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu en juin 2014 un rapport de plus de 200 pages.
"A partir du moment où il y a une injection, il y a une effraction cutanée, donc un risque d'infection", souligne le Dr Jean-Patrick Sales (HAS). "La particularité de la mésothérapie c'est que ces injections sont multipliées par un très grand nombre au cours d'une séance". Et dans le temps, avec la multiplication des séances, "le risque est multiplié par le nombre d'injections", poursuit-il. Autre risque souligné par la HAS, l'utilisation des produits injectés en dehors de toute autorisation de mise sur le marché.
Mais les conclusions de ce rapport sont trop alarmistes selon le président de la Société française de mésothérapie, le Dr Denis Laurens : "Sur 50.000 actes effectués par jour, en dehors de ce cas qui remonte à 2007, on a eu aucun accident infectieux".
Aucune formation scientifique n'est exigée pour qu'un médecin puisse exercer la mésothérapie à visée esthétique, même s'il existe un diplôme reconnu par le Conseil de l'Ordre. Un diplôme qui pour la Société française de mésothérapie devrait être rendu obligatoire pour éviter qu'une telle affaire ne se reproduise.
VOIR AUSSI
- La mésothérapie sur le banc des accusés, article du 26 février 2013.