Maladies auto-immunes : un nouvel espoir thérapeutique
Une équipe de chercheurs français vient de montrer que les patients atteints de vascularites, une complication de l’hépatite C, pouvaient être traités grâce à une substance fabriquée par notre organisme : l’interleukine 2 (IL-2). Une découverte qui offre de nouvelles perspectives pour le traitement du diabète ou de la sclérose en plaques.
Les professeurs David Klatzmann et Patrice Cacoub, de l'hôpital La Pitié-Salpêtrière (Paris) ont mené leur essai sur dix patients souffrant d'hépatite C et présentant une forme de complication auto-immune : la vascularite, une pathologie inflammatoire qui touche la peau, les articulations, les nerfs.
Ces chercheurs ont fait l'hypothèse que les patients atteints de vascularite ont un manque de lymphocytes T régulateurs, un type de globule blanc dont le rôle est de combattre l’infection et de détruire les cellules anormales. Or ils ont observé, qu'une fois les patients guéris de leur hépatite C grâce aux antirétroviraux, le taux de ces lymphocytes revenait à la normale et la vascularite disparaissait.
Mais l'administration d'antirétroviraux ne fonctionne pas sur tous les cas d'hépatite C. Les chercheurs ont donc essayé de trouver une nouvelle approche thérapeutique ciblant les lymphocytes T, l'idée étant de les faire remonter à un niveau normal. Pour cela, ils ont administré une substance connue depuis une trentaine d’années : l'interleukine 2 (IL-2).
L'interleukine 2 (IL-2) est une substance fabriquée par notre propre organisme et qui joue un rôle important dans la régulation du système immunitaire. Elle est déjà utilisée notamment dans le traitement du cancer du rein et du mélanome. Les professeurs Klatzmann et Cacoub ont administré cette substance à dix patients atteints de vascularites liées à l’hépatite C. Résultat : après 6 mois de suivi, ce traitement a induit une stimulation significative des lymphocytes T régulateurs chez tous les patients et entrainé une amélioration clinique marquée chez 8 d’entre eux. Et il a été très bien toléré par tous les patients. Ces résultats prometteurs ont été publiés dans le New England Journal of Medicine (NEJM).
'C’est la première fois que l’on montre chez l’homme un effet thérapeutique de l’IL-2 à faibles doses sur une maladie auto-immune. Et cela offre de nouvelles perspectives pour traiter d'autres maladies comme le diabète et la polyarthrite rhumatoïde', explique le Pr. Klatzmann.
Un essai de traitement du diabète de type 1 par l’interleukine 2 est déjà en cours à l’hôpital La Pitié-Sâlpétrière. Un autre doit bientôt débuter à l'hôpital Bicêtre sur des enfants. A terme, cette approche thérapeutique pourrait être utilisée dans le traitement d’autres maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques (SEP) ou encore le lupus.
Avec AFP