Sclérose en plaques : un traitement très précoce diminue le handicap à terme
Traiter les patients atteints de sclérose en plaques dès les premiers symptômes diminue le handicap et le risque de passer en forme progressive. C'est ce que démontre une nouvelle étude.
Publiée dans la revue Neurology le 19 juillet, une étude vient rassurer les patients atteints de sclérose en plaques (SEP), maladie neurologique potentiellement très invalidante.
85% des patients atteints de SEP souffrent d'une forme dite rémittente-récurrente, où ils ont des poussées (des crises avec apparition de symptômes qui régressent plus ou moins). 15% ont une forme progressive, souvent plus grave, où le handicap se majore progressivement. Le risque pour les patients atteints de la forme récurrente-rémittente est d'évoluer avec le temps en forme progressive et de voir leur handicap se dégrader.
Les chercheurs ont étudié des patients souffrant de la première forme. Verdict : ceux qui commencent un traitement rapidement dès les premiers signes, ont un risque plus faible de développer un handicap et de voir leur maladie évoluer en forme progressive.
Un risque de handicap abaissé de 45%
Les patients ont été divisés en trois groupes : le premier était composé de 194 personnes ayant eu leur premier traitement dans les six mois après le premier épisode de symptômes. Le deuxième de 192 personnes en ayant bénéficié entre six et 16 mois et le troisième de 194 patients ayant eu leur premier traitement après 16 mois.
Par rapport au troisième groupe, le premier groupe avait un risque abaissé de 45% d'atteindre un score de handicap (score appelé EDSS, qui se côte sur 10) supérieur à 3. Les patients avec un score inférieur à 3 peuvent encore marcher sans assistance et présentent un handicap modéré.
Toujours par rapport au troisième groupe, les patients du premier groupe avaient également un risque inférieur de 60% d'évoluer vers une sclérose en plaques progressive, forme où le handicap se majore progressivement.
Vers une évolution des recommandations de traitement ?
"On savait déjà que c'était intéressant de traiter tôt. Mais avec ce degré de précision, ce sont des données nouvelles, confirme le Dr Bertrand Bourre, neurologue spécialiste de la SEP. Les données antérieures portaient sur un traitement à un puis deux et trois ans. Elles ne concernaient pas les premiers symptômes, simplement les scléroses en plaques déjà confirmées."
Les premiers symptômes n'aboutissaient pas forcément à un diagnostic de sclérose en plaques, qui était confirmé si une nouvelle poussée survenait. Les critères ont évolué, amenant à considérer les premiers symptômes (et atteintes à l'IRM) comme une authentique sclérose en plaques.
Ces résultats changeront-ils les "guidelines", les recommandations de prise en charge ? "Non, les résultats n'entraîneront pas de changement, estime le Dr Bourre. Les chercheurs confirment la nécessité de traiter tôt les patients, dès que l'on a le diagnostic, mais avec un timing encore plus précoce…"