''Marée blanche'' hier dans les rues de Madrid pour défendre la santé
"La santé est un droit, nous allons lutter". Quelques dizaines de milliers de médecins, infirmiers et personnels des hôpitaux, soutenus par de nombreux citadins, ont envahi les rues de Madrid, dimanche 18 novembre 2012. Les blouses blanches ont manifesté contre les privatisations et les coupes budgétaires prévues en 2013.
En tête de la manifestation, qui rassemblait des cortèges venus de tous les hôpitaux de la capitale espagnole, un cri de colère : "la santé publique ne se vend pas, elle se défend".
Depuis plusieurs semaines, une vingtaine d'hôpitaux de Madrid et de sa région sont occupés par le personnel, pour dénoncer la décision du gouvernement régional de privatiser six de ces établissements dans le cadre des coupes budgétaires prévues en 2013.
Une mesure qui a enflammé les esprits, alors que le secteur de la santé paye déjà au prix fort la politique de rigueur mise en oeuvre par le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, engagé dans une chasse drastique au déficit public.
Dans le cadre de sa réforme sanitaire, le gouvernement entend économiser 7 milliards d'euros par an, un effort qui se répercute sur les finances des régions, en charge de leurs budgets de l'éducation et de la santé.
"Nous sommes là pour deux raisons, parce que les coupes budgétaires portent préjudice aux services médicaux pour les citoyens, et parce que les conditions de travail du personnel empirent", résume Jaime Rodriguez, un jeune médecin de 33 ans, spécialiste en gériatrie, de l'hôpital de Leganes dans la banlieue de Madrid.
Pour les médecins et infirmières, la politique d'économies se fait déjà sentir dans les hôpitaux madrilènes : Jaime Rodriguez donne l'exemple "d'un patient de 90 ans qui a dû passer cinq jours aux urgences parce qu'il n'y avait aucun lit de libre" dans un service.
"Les coupes sont visibles dans l'approvisionnement en pharmacie. Certains malades doivent réclamer pour obtenir leur traitement", témoigne aussi Daniel Domingo, gastro-entérologue de 34 ans à l'hôpital de Parla, en banlieue, qui est venu lui aussi manifester en blouse blanche.
Médecins et infirmiers craignent que les privatisations à venir, ajoutées aux restrictrions budgétaires, ne soient synonymes de licenciements massifs et entraînent un appauvrissement de la qualité des soins.