Mediator : ouverture du premier procès pénal en présence de M. Servier
Un an et demi après l'éclatement du scandale Mediator, le premier procès pénal visant les Laboratoires Servier s'est ouvert lundi 14 mai 2012, à Nanterre, en présence du patron du deuxième groupe pharmaceutique français, Jacques Servier.
- Réaction en vidéo du Dr Irène Frachon, le 14 mai 2012, au tribunal de Nanterre -
Jacques Servier, 90 ans, "combatif et responsable", selon son avocat Me Hervé Témime, a pris place sur le banc des prévenus, sans accorder de déclarations à la presse.
Face à lui, "les victimes veulent une condamnation exemplaire des Laboratoires Servier et attendent de la compassion. Depuis des années, les laboratoires connaissent sa toxicité", a affirmé à la presse l'un de leurs avocats, Me Charles-Joseph Oudin.
Plus de 350 personnes demandent réparation à son fondateur Jacques Servier et aux laboratoires éponymes, devant le tribunal correctionnel sans attendre l'instruction menée au pôle santé de Paris sur les mêmes faits.
Les parties civiles ont misé sur une procédure rapide, une citation directe pour "tromperie aggravée" dans laquelle leur revient la lourde tâche d'apporter les preuves, sans avoir accès aux investigations parisiennes.
La justice a promis en mars 2012 de clore l'enquête d'ici décembre.
"Serein", l'avocat d'une trentaine de parties civiles, Me François Honnorat, affichait à l'ouverture du procès un large sourire. "Servier va nous occuper avec des questions de procédure mais la Cour de cassation s'est déjà prononcée. On peut refaire le match trois ou quatre fois, cela ne changera pas le problème", a-t-il déclaré.
Les plaignants reprochent à Servier de les avoir "délibérément" trompés sur la composition du Mediator en ne les informant pas de "la nature anorexigène" de son principe actif, le Benfluorex, alors que ce dernier diffuserait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine. La norfenfluramine provoque des hypertensions artérielles pulmonaires, qui peuvent nécessiter une greffe et multiplie par trois le risque de valvulopathies.
Le Mediator, largement détourné comme coupe-faim durant sa commercialisation de 1976 à 2009, est soupçonné d'avoir causé au moins 500 morts en 30 ans, 1 000 à 2 000 selon d'autres estimations.
Avant d'aborder le fond, le tribunal devra trancher une féroce bataille procédurale engagée par Servier, susceptible d'entraîner un renvoi du procès.
Servier déposera deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) et une demande d'expertise judiciaire, qualifiées d'"écrans de fumée" par les parties civiles.
Jacques Servier et quatre ex-cadres de Servier et de Biopharma qui a commercialisé le Mediator encourent 4 ans de prison et une amende de 37 500 euros, Servier et Biopharma une amende de 150 000 euros ainsi qu'une interdiction d'exercer.
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