Orages fréquents dans le coeur des séropositifs et malades du sida
Les séropositifs et les malades du sida présentent un risque plus élevé de mourir d'une crise cardiaque, selon une étude menée par des chercheurs aux Etats-Unis. L'évolution des traitements a permis l'allongement de la durée de vie des patients, mais le VIH entraînant une athérosclérose accélérée, la prise en charge des facteurs de risques cardiovasculaires "traditionnels" (hypertension, cholestérol, diabète, tabagisme) devient incontournable.
Deux professeurs de l'Université de Californie San-Francisco présentent les résultats d'une étude, publiée lundi 14 mai 2012, dans le Journal of the American College of Cardiology, qui montre que les personnes atteintes du HIV/sida ont quatre fois plus de risques de souffrir d'une "crise cardiaque mortelle".
Les auteurs, Priscilla Hsue et Zian Tseng, ont examiné les cas de 2 860 séropositifs dont les circonstances de la mort depuis dix ans avaient été méticuleusement enregistrées par une clinique de la ville de San Francisco spécialisée dans le HIV/sida, la San Francisco General Hospital's Ward 86.
L'étude a montré que de 2000 à 2009, 15 % des patients étaient morts d'une maladie liée à un trouble cardiaque. A l'intérieur de ce groupe, 86 % des personnes sont mortes d'une crise cardiaque soudaine, soit quatre fois plus que le reste de la population de San Francisco. L'étude a pris en compte les facteurs démographiques, d'âge et d'origine.
De ces résultats découle "la nécessité que nous prenions en compte ce risque potentiel pour les patients qui sont atteints du VIH", selon Priscilla Hsue.
Ces conclusions s'avérent particulièrement importantes pour améliorer les traitements médicamenteux qui ont permis aux séropositifs et aux malades du sida de vivre plus longtemps. Mais c'est aussi parce que l'espérance de vie des séropositifs s'est allongée qu'il faut davantage prendre en compte les facteurs de risques "traditionnels" (tabagisme, cholestérol, hypertension, surpoids,...), auxquels on accordait moins d'importance il y a dix ans. L'urgence était de se battre, avant tout, contre le VIH.
Le risque d'accident coronaire reste associé à la prise au long cours des antiretroviraux, susceptibles d'augmenter les taux de cholestérol et de diabète. Aujourd'hui, un plus grand choix dans les molécules permet d'adapter le traitement au cas par cas. Et le VIH entraînant une inflammation artérielle chronique (ou athérosclérose accélérée), il est en soi un facteur de risque cardiovasculaire supplémentaire. Depuis quelques années, les médecins accordent donc une plus grande vigilance au terrain métabolique du patient séropositif, avec une meilleure prise en charge de l'hypertension, du cholestérol, du diabète et du tabagisme.
Source : "Sudden Cardiac Death in Patients With Human Immunodeficiency Virus Infection", J Am Coll Cardiol, 2012; 59:1891-1896, doi:10.1016/j.jacc.2012.02.024
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