Pérou : l'avortement thérapeutique autorisé… 90 ans après son adoption légale
Plus de 90 ans après l'adoption de la loi, l'avortement thérapeutique en cas de danger pour la vie de la mère est enfin permis au Pérou.
Précurseurs dans les textes, mais pas dans les faits, voilà plus de 90 ans que le Pérou se complaisait dans un drôle de compromis concernant l'avortement thérapeutique c'est-à-dire l'interruption de la grossesse pratiquée pour des raisons médicales. En 1924, le pays sud-américain comptait pourtant parmi les premières nations à l'adopter légalement. Mais faute de protocole médical, le décret d'application de la loi n'avait jamais été promulgué et les femmes qui le demandaient ne pouvaient jusqu'à présent y accéder.
Une aberration législative qui n'est pas étrangère à la grande influence sur la société civile péruvienne de l'église catholique, farouchement opposée à l'avortement sous toutes ses formes.
Mais en mars 2014, malgré les réticences affichées du Vatican, la ministre de la Santé péruvienne, Midori de Habich, a décidé de mettre un terme à cet étrange statu quo en annonçant que le gouvernement devrait approuver d'ici juin un "guide réglementant l'avortement thérapeutique". Enfin entré en vigueur dimanche 29 juin 2014, ce guide technique régit les interruptions médicales de grossesse jusqu'à 22 semaines de gestation en cas de risque pour la mère.
"Pour être applicable, l'avortement devra être l'unique moyen de sauver la vie de la mère ou d'éviter des dommages graves et permanents pour sa santé", a déclaré la ministre.
Aujourd'hui encore, l'avortement est interdit dans la majeure partie des pays d'Amérique latine, exception faite de Cuba, le Guyana, l'Uruguay, et de la ville de Mexico. Au Brésil, il n'est autorisé qu'en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère.
L'avortement thérapeutique en France
Autorisé en France par la loi Veil depuis 1975, l'avortement thérapeutique peut être pratiqué à tout moment de la grossesse pour deux motifs :
- si la grossesse met gravement en danger la santé de la femme enceinte ;
- ou si l'enfant à naître est atteint d'une affection particulièrement grave et incurable.
La loi, révisée en juillet 2011, stipule que la décision doit être consentie par deux médecins et validée par la mère.