Placebo : prescrit à la demande ?
Peut-on demander à son médecin de prescrire un placebo à quelqu'un de sa famille ?
Les réponses avec le Pr. Jean-François Bergmann, médecin interniste à l'hôpital Lariboisière (Paris) et le Dr Jean-Jacques Aulas, psychiatre et psychopharmacologue clinicien au CHU de Saint-Etienne :
"Si on dit : je vous donne un placebo, on a perdu beaucoup de l'effet placebo dans l'acte thérapeutique donc il ne faut pas le faire comme ça. Qu'on explique que, comptes tenus des symptômes, des pathologies associées, on ne veut pas donner d'antalgiques forts ou de médicaments pour dormir qui risquent d'avoir des effets indésirables et qu'on préfère un médicament doux mais il ne faut pas dire que c'est un placebo.
"En général on fait nos décisions thérapeutiques en fonction de nos propres décisions mais il faut écouter la famille.
"J'explique au patient quand il n'a pas besoin de médicaments. Je suis médecin hospitalier en psychiatrie, j'ai du temps, je ne suis pas pressé à 22 euros les dix minutes. Donc j'ai le temps d'expliquer que les symptômes qu'il présente ne sont pas graves, vont très vraisemblablement s'estomper tous seuls et qu'il n'a absolument pas besoin de médicaments, y compris de pseudo-placebos.
"Un malade qui a une grande insuffisance respiratoire, qui respire mal et qui vient à l'hôpital pour une infection et qui veut un truc pour dormir, on sait très bien que si on lui donne une benzodiazépine pour dormir, ça va aggraver son état respiratoire. Donc puisqu'il demande quelque chose, qu'il est à l'hôpital et qu'il ne dort pas, il faut lui donner, il faut avoir l'acte du comprimé qu'on vient lui donner le soir, à ce moment là, on le fait avec un placebo mais avec conviction.
"Mais il ne faut pas non plus que le placebo soit le cache misère du fait qu'on soit pressé, du fait qu'on ait pas envie de s'intéresser au malade. Le placebo fait partie d'un acte qui doit être accompagné, qui fait partie d'une démarche."
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