Pollution de l'air : des bébés plus petits à la naissance
Une étude de l'Inserm vient confirmer - et affiner - les résultats d'une analyse, publiée en février 2013, selon laquelle un taux élevé de particules fines dans l'air influe directement sur le risque de naissances de bébés de petits poids. Ces travaux démontrent que ce risque persiste à des niveaux de pollution bien inférieurs aux niveaux stipulés dans les directives actuelles de l'Union européenne (UE) sur la qualité de l'air.
En février 2013, une vaste étude internationale démontrait que les femmes enceintes les plus exposées aux polluants des gaz d'échappement automobile et des centrales à charbon avaient un risque accru d'avoir un enfant dont le poids à la naissance est dangereusement faible. Les mesures de la pollution portaient alors sur la quantité de "particules de 10 micromètres de diamètres" (PM 10) dans un mètre cube d'air.
L'un des scientifiques ayant participé à cette recherche, Rémy Slama, a récemment achevé l'analyse de 14 études réalisées dans 12 pays européens, portant sur 74.000 femmes ayant accouché entre 1994 et 2011 (1).
Les travaux de l'équipe de Rémy Slama ont porté sur les concentrations de polluants atmosphériques d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres (PM 2,5) autour du domicile des participantes, durant les neuf mois de leur grossesse. La densité du trafic sur la route donnant accès au lieu de résidence et le volume total de trafic sur toutes les routes principales, dans un rayon de 100 mètres alentour, ont également été enregistrés.
L'analyse réalisée par les chercheurs révèle que pour toute augmentation de 5 microgrammes par mètre cube (5μg/m3) de l'exposition aux particules fines pendant la grossesse, (particules que l'on trouve par exemple dans les gaz d'échappement et les émissions liées au chauffage et aux activités industrielles), le risque de donner naissance à un bébé de faible circonférence crânienne et de petit poids (inférieur à 2500 g pour un enfant né après 37 semaines de grossesse) à terme augmente de 18% (2).
Les chercheurs observent que ce risque accru persiste à des taux inférieurs à la limite annuelle actuelle fixée par les directives de l'Union Europénne sur la qualité de l'air, qui est de 25 μg/m3 pour les particules fines.
Les taux d'exposition moyens à ces particules fines pendant la grossesse, dans la population étudiée, allaient de moins de 10 microgrammes de PM2,5par mètre cube d'air à près du triple. Les chercheurs estiment que si les niveaux de PM2,5 étaient réduits au taux préconisé par l'OMS (10 microgrammes par mètre cube), 10 à 30% des cas de petits poids de naissance à terme pourraient être évités.
(1) Cette analyse exclut les cas de grossesse multiple.
(2) Ces données prennent en compte les autres facteurs de risque identifiés tels que le tabagisme maternel, l'âge ou le poids de la mère.
Source : Ambient air pollution and low birthweight: a European cohort study (ESCAPE) , Rémy Slama et coll. The Lancet Respiratory, 2013. Publication avancée en ligne.
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