Prothèses auditives : un marché qui divise les professionnels
Un appareil auditif fait grand bruit depuis sa commercialisation en 2010. Ce dispositif, vendu en pharmacie et non remboursé par l'Assurance maladie, est bien moins cher que les prothèses auditives classiques vendues chez les audioprothésistes sur prescription médicale. Une commercialisation que dénonce aujourd'hui le Syndicat national des audioprothésistes qui veut faire interdire la vente de ces aides auditives à bas coût. Plusieurs procédures en justice ont ainsi été lancées à l'encontre du fabricant et de la première officine qui l'a commercialisé. Explications sur cette guerre du son.
De plus en plus de patients souffrant d'une perte de l'audition font le choix d'un assistant d'écoute pré-réglé délivré en officine, car les appareils vendus chez les audioprothésistes étaient trop coûteux.
Cet appareil agit comme un amplificateur de son avec deux niveaux de 11 ou 20 décibels. Près de 14.000 personnes âgées utiliseraient l'assistant d'écoute, commercialisé par une start-up depuis trois ans. Selon Maxence Petit, président de Sonalto, il s'agit de la "première solution prêt-à-porter de l'audition" ajoutant que leur "solution pré-réglée ne peut pas être adaptée sur mesure à l'individu, elle va répondre en moyenne à plus de 85% des individus qui ont les mêmes caractéristiques de perte auditive liée au vieillissement naturel".
Destinée aux surdités légères et débutantes pour corriger la perte des sons aigus qui deviennent inaudibles avec l'âge, cette aide auditive ne ferait donc pas concurrence aux appareils sur mesure vendus par les audioprothésistes, comme le confirme Maxence Petit : "Les audioprothésistes équipent en moyenne à 74 ans lorsqu'il faudrait le faire à 65-67 ans. La moyenne d'acquisition de nos assistants d'écoute est de 67 ans. On n'empiète donc pas sur leur marché, on vient au contraire l'élargir en répondant plus vite et plus tôt à la perte auditive".
Pourtant le syndicat des audioprothésistes a assigné la start-up en justice, dès sa création, pour délivrance d'audioprothèses sans prescription médicale. Il a aussi attaqué au pénal un pharmacien pour exercice illégal de la profession d'audioprothésiste. Pour Luis Godinho, président du syndicat national des audioprothésistes, la prise en charge de la perte de l'audition est "plus complexe puisque la surdité est un symptôme. Il faut être sûr qu'il faut un appareil et être sûr qu'il n'y a pas de traitement chirurgical ou médical à faire". Raison pour laquelle selon lui, "le parcours de soins commence chez l'ORL et se poursuit chez l'audioprothésiste".
Car le risque d'acheter une aide auditive pré-réglée sans avoir consulté son ORL, c'est de passer à côté d'une pathologie potentiellement grave comme une tumeur du nerf auditif.
Attaqués sur leurs tarifs élevés (de 900 à 2 000 euros la prothèse), les audioprothésiste les justifient par le suivi régulier et la nécessité d'effectuer de nombreux réglages adaptés à chacun.
Après la polémique autour des assistants d'écoute pré-réglés, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a rappelé qu'ils devaient, comme tous les appareils correctifs destinés aux malentendants, être délivrés sur prescription médicale et après intervention d'un audioprothésiste diplômé.
Quant aux procédures judiciaires, elles sont encore en cours.