Tuberculose et IST : le dépistage menacé en Seine-Saint-Denis faute de moyens
La Seine-Saint-Denis (93) n'a plus les moyens de dépister efficacement la tuberculose et les infections sexuellement transmissibles (IST) suite à la suppression par l'Etat de financements "indispensables", selon une déclaration de Stéphane Troussel, président du Conseil général.
Alors même que "tous les indicateurs de santé sont au rouge" dans l'un des départements les plus pauvres de France, avec des taux d'infection supérieurs et une espérance de vie plus courte, "on est dans la recherche d'économies forcenée", a lancé le patron PS du département Stéphane Troussel, lors d'une visite dans un centre de Médecins du monde à Saint-Denis.
Une remise en cause du réseau de dépistage mis sur pied en Seine-Saint-Denis pour des patients qui ne parlent pas français et n'ont pas accès aux soins, des mal-logés ou des sans-domicile, ou encore des précaires sans couverture maladie, "poserait un problème de santé publique avec un développement des formes multirésistantes" de tuberculose, a ajouté le Dr Jeanine Rocherfort, déléguée générale de Médecins du monde.
Dans le centre géré par cette association à Saint-Denis se pressaient mardi 26 août 2014 quelques dizaines de patients, auxquelles les médecins proposent des radios des poumons. Environ 6.000 personnes y sont reçues chaque année.
Sept centres de dépistage pourraient fermer
Le 93, qui concentre les populations précaires à risque, détient de tristes records de contamination par ces maladies. C'est le seul département français où la tuberculose n'a pas reculé entre 2000 et 2010, touchant environ 31 personnes pour 100.000 habitants chaque année, soit quatre fois la moyenne nationale, selon l'Institut national de veille sanitaire (InVS). Les IST-MST y font également plus de dégâts qu'ailleurs.
Dans le détail, si l'État ne pallie pas la suppression d'une subvention annuelle de 1,5 million d'euros versés jusqu'à l'an dernier par l'Assurance-maladie à la Seine-Saint-Denis, sept centres de dépistage pourraient fermer, selon le Conseil général. La subvention représente 15% du budget santé du département.
Les "opérations de dépistage itinérantes", qui permettent par exemple de prendre en charge les habitants des bidonvilles ou des foyers de travailleurs migrants, seraient également remises en cause par la suppression des financements de l'Etat.
En forme de protestation et en l'absence de réponse du ministère de la Santé, le département a dénoncé jusqu'à nouvel ordre l'accord qui le lie à l'État pour les missions de santé, qui comprend également le dépistage de certains cancers et les vaccinations.
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