Un test d'haleine pour dépister des tumeurs cancéreuses ?
Analyser l'haleine pour détecter un cancer du côlon, c'est l'idée pas si farfelue qu'ont eue des scientifiques italiens... En 2010 déjà, des chercheurs israëliens avaient mené des tests d'haleine concluants pour détecter des tumeurs du poumon, du sein, des intestins ou de la prostate. Une petite société californienne semble aussi sur la voie d'un "nez électronique" expérimental capable de "renifler" des cancers du poumon.
Un test expérimental se fondant sur l'haleine a permis de déterminer avec 76% d'exactitude si un patient était atteint ou non d'un cancer colorectal. "Les résultats de notre étude apportent de nouveaux arguments en faveur des tests sur l'haleine comme outil de dépistage", a expliqué le Pr Donato Altomare dans un communiqué, accompagnant la publication, mercredi 5 décembre 2012, de son étude dans la revue British Journal of Surgery (BJS). "La technique pour prendre des échantillons d'haleine est très simple et non invasive" souligne-t-il, tout en reconnaissant que la technique en est encore à une "phase expérimentale".
Un "nez électronique" aussi fiable qu'un scanner
Les composés organiques volatils contenus dans l'haleine des patients sont analysés par chromatographie en phase gazeuse. Or si les scientifiques n'ont pas encore complètement saisi les mécanismes biochimiques impliqués, il est établi depuis quelques années que la production de ces composés organiques volatils est "altérée" chez des patients atteints d'un cancer.
L'équipe de chercheurs italiens de l'Université de Bari a, dans un premier temps, élaboré le profil des composés organiques volatils contenus dans l'haleine de 37 malades de cancer colorectal, puis celui de 41 patients sains. Ensuite, ils ont testé la sensibilité du test mis au point sur 25 autres patients (15 cancéreux et dix sains). Le diagnostic s'est révélé correct pour 19 d'entre eux.
L'équipe du Pr Altomare qui précise que la prochaine étape sera d'accroître le nombre de patients testés pour obtenir un test plus simple et plus performant, n'est pas la seule à travailler sur le sujet.
Aux Etats-Unis, la société Metabolomx a déjà mis au point un nez électronique expérimental pour détecter cette fois les cancers du poumon, toujours à travers l'haleine expirée du patient. La société indique sur son site Internet que des tests pratiqués par Cleveland Clinic ont montré que la machine était aussi fiable qu'un scanner classique pour diagnostiquer un cancer du poumon et qu'en plus ce nez artificiel était capable de déterminer le type des cellules cancéreuses impliquées.
Quand les chiens peuvent aussi flairer la maladie
Grâce à leur odorat particulièrement développé, les chiens sont étonnamment doués pour détecter certains cancers. En 2011, une équipe de l'hôpital Tenon, à Paris, utilisait l'odorat d'un chien spécialement dressé pour détecter les cellules cancéreuses. Une nouvelle étude pilote, réalisée cette fois en Autriche, offre potentiellement un espoir de diagnostic précoce de la maladie.
"Les chiens n'ont aucun problème à identifier les patients atteints de tumeurs" cancéreuses, souligne Peter Errhalt, chef du département de pneumologie à l'hôpital de Krems (nord-est de l'Autriche) et l'un des auteurs de l'étude.
Lors de ces tests, les chiens ont respiré 120 échantillons d'haleine provenant de patients ou de personnes saines, et ont identifié avec un taux de réussite de 70% ceux qui étaient atteints d'un cancer du poumon.
Le résultat est tellement "encourageant" qu'une étude plus large, portant sur des échantillons d'haleine de 1.200 personnes et prévue pour durer deux ans, va être lancée, a indiqué M. Errhalt lors d'une conférence de presse.
L'objectif à terme est de déterminer quelles odeurs les chiens détectent, explique Michael Müller, de l’hôpital Otto Wagner à Vienne, qui a collaboré à l'étude. Cela pourrait permettre alors aux scientifiques de reproduire à long terme une sorte de "nez électronique" qui aiderait à diagnostiquer les cancers du poumon à un stade précoce, augmentant ainsi les chances de survie des patients, souligne-t-il.
Etudes de référence :
- "Exhaled volatile organic compounds identify patients with colorectal cancer", D. F. Altomare, M. Di Lena, F. Porcelli, L. Trizio, E. Travaglio, M. Tutino, S. Dragonieri, V. Memeo, G. de Gennaro, British Journal of Surgery, déc. 05, 2012, 10.1002/bjs.8942
- "Detection of lung, breast, colorectal, and prostate cancers from exhaled breath using a single array of nanosensors", British Journal of Cancer (2010) 103, 542–551. doi:10.1038/sj.bjc.6605810
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