Cet été, bronzez bio !
L'été est là. Soleil, plage, baignade... et farniente sont au programme de vos journées. Mais bronzer ne nuit pas seulement à notre peau, cela nuit aussi à la planète. Alors comment bronzer sans nuire à notre planète ? Voici quelques conseils.
Comment peut-on nuire à notre planète en bronzant ?
Plus que la bronzette, ce sont plus précisément les crèmes solaires qui posent problème. Il est vrai qu'elles protègent notre peau des UVA, qui accélèrent le vieillissement cutané et des UVB, responsables des coups de soleil, voire de dommages cellulaires bien plus importants qui peuvent provoquer un cancer. Mais plusieurs études mettent en cause l'impact de ces crèmes sur l'environnement. Et l'enjeu est loin d'être anodin. En France, il se vend chaque année 14 millions de tubes de lotions solaires. Et au premier plongeon, ces crèmes passent directement du dos des baigneurs à l'eau de mer. Résultat au niveau mondial, ce sont plusieurs milliers de tonnes de crème solaire qui finissent chaque année dans nos océans.
En quoi cela pose-t-il un problème pour l'environnement ?
Cela pose plusieurs problèmes. La première menace pèse sur nos barrières de corail. D'après une étude menée par des biologistes italiens, les filtres chimiques ou les filtres de synthèse qui servent à nous protéger des méfaits du soleil, à absorber la lumière, provoquent en mer toute une chaîne de réactions qui détruisent au final les coraux. Trois substances chimiques contenues dans ces filtres sont particulièrement mises en cause : le cinnamate, le benzophénone, mais aussi un dérivé du camphre et un conservateur, le butyl paraben. En mer, ces molécules vont activer des virus latents et provoquer leur prolifération. Or ces virus s'avèrent fatals pour une espèce de micro-algue qui est quant à elle, essentielle à la survie des coraux. Sans elle, les coraux blanchissent en quatre jours et meurent dans la foulée.
Mais en Bretagne ou en mer Méditerranée, il n'y a pas de coraux. Il n'y a donc aucun risque de pollution de notre faune aquatique ?
En France, il n'y a pas de coraux mais il y a des poissons. Et là, une autre étude réalisée en Suisse sur les truites de rivières, montre que la chair de ces poissons est contaminée par ces mêmes composants chimiques. Or, ces composants chimiques sont aussi soupçonnés d'être des perturbateurs endocriniens. Du coup, ces substances sont suspectées d'entraîner des malformations des organes génitaux chez les poissons, et des problèmes de fertilité. Mais l'Homme est aussi concerné, et notamment les femmes enceintes et leurs fœtus, qui sont plus sensibles aux effets des perturbateurs endocriniens et qui pourraient consommer sans le savoir des poissons contaminés. Sur ce volet, d'autres recherches sont nécessaires afin d'évaluer plus précisément ces risques.
Ces crèmes ne sont-elles pas aussi dangereuses pour notre santé ?
Tout à fait, ces crèmes peuvent aussi menacer notre santé puisqu'elles contiennent des nanoparticules. C'est ce qui les rend "efficaces" et "esthétiques". Grâce aux nanoparticules, comme on est dans l'ordre du millionième de millimètres, ces crèmes ne laissent pas de traces blanches sur la peau parce qu'elles pénètrent plus rapidement dans l'épiderme. Un grand nombre de scientifiques se demandent jusqu'où ces nanoparticules, qui sont si petites, peuvent bien aller une fois qu'elles sont dans notre corps. Ils se demandent également quels sont potentiellement les risques sanitaires de ces nanoparticules. Puisqu'aujourd'hui personne n'a vraiment mesuré leurs effets sur la santé ou sur l'environnement, et notamment à long terme. En 2010, l'Agence de sécurité du travail et de l'environnement a consacré un long rapport aux nanotechnologies et nanoparticules. Dans ses conclusions, elle demandait aux industriels d'être plus pondérés avec les nanoparticules. On en trouve partout, y compris dans la crème solaire. L'Agence les a alors incités à les utiliser que si l'intérêt était avéré, en attendant que les effets de ces nanoparticules sur la santé et sur l'environnement soient mieux évalués.
Mais alors que devons-nous faire puisque que l'on ne peut pas se passer de crème ?
Pas besoin de se camoufler sous son parasol ou de rester enfermé chez soi… puisqu'il existe des crèmes écologiques. Ces crèmes sont labellisées Cosmébio, BDIH ou Nature. Dans leur composition, pas de conservateur, pas de produits de synthèse ou substances chimiques et bien sûr, pas de nanoparticules. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elles laissent parfois des traces blanches sur la peau quand on les étale. Certaines crèmes sont à base d'huile de carthame, de coco et de pongamia. Elles coûtent 20 euros. D'autres contenant de l'huile de tamanu bio coûtent 18 euros. Enfin il existe des crèmes écologiques faites à base de beurre de karité, d'huile de sésame et d'argan. Elles coûtent 30 euros. Elles contiennent toutes des filtres minéraux naturels, comme le dioxyde de titane ou l'oxyde de zinc. D'après les fabricants, ces filtres réfléchissent les rayons solaires, comme un miroir, sans endommager la peau, ni empêcher le bronzage. Ils se déposent directement sur la peau, créent une sorte de film qui protège des rayons solaires. Autre avantage, la protection commence dès que la crème est appliquée, contrairement aux filtres chimiques qui sont actifs seulement quand ils ont pénétré l'épiderme, ce qui prend une trentaine de minutes. Et ces filtres sont sans conséquence pour l'environnement. Vous pourrez donc vous badigeonner sur la plage et aller nager en toute liberté.
Chronique de Laetitia Fouque du 27 mai 2011
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