Le poil masculin et féminin : une longue histoire !
L'histoire entre les hommes et leurs poils remonte à des millénaires. Chassé, malmené, exhibé ou apprivoisé, qu’a donc fait le poil pour être tantôt détesté et idolâtré ?
Du noir de sèche sur la lèvre, en guise de moustache. Un trait d'encre chez la femme, symbole d'autorité, les Aïnous vivent au nord du Japon. Les poils, ils les aiment, contrairement au reste du monde.
« Ce sont des societés naturophiles qui aiment la nature. Chez les Aïnous, c'était cette vénération de l'ours. Il y avait une conscience entre l'homme et l'ours, ce qui fait qu'il y avait aussi cette fascination pour les poils » explique l'anthropologue Christain Bromberger.
Le poil masculin, synonyme d'autorité
Dans nos societés actuelles, il faut au contraire se distinguer de l'animal. Le velu est l'apanage de la bête, celle monstrueuse des contes et légendes. La plupart des sociétés sont trichophobes, elles n’aiment pas les poils qui connotent la saleté, la sueur, les excréments...
Mais au fil du temps et des modes, une toison longtemps dissimulée peut à nouveau s'exposer. Au 18ème siècle, la tendance est aux perruques mais les hommes ne portent pas la barbe alors qu'aujourd'hui, les hommes portent la barbe de 3 jours et ont une tendance à l'épilation corporelle.
Quelque soit la tendance chez les hommes, le poil ne disparait jamais tout à fait. « Du côté de la barbe est la toute puissance dit-on dans Molière. Ouvrir sa chemise qui dévoilait des poils sur le poitrail était véritablement une signe d'autorité. »
Ce signe d'autorité, c'est aussi la moustache. Celle du gendarme ou des "poilus", soldats de la guerre de 14 qui raseront finalement leurs grandes moustaches avec l'arrivée des masques à gaz.
Le poil féminin, de la domination à l'affirmation
La masculinité des hommes s’est donc souvent exprimée par leur pilosité. La femme elle, a toujours été représentée glabre.
« Pour les femmes, on a évidemment un symbole de domination masculine puisque le corps féminin doit être offert complètement lisse, d’où d’ailleurs les revendications féministes à l’opposé, en disant mais pourquoi s’offrir en objet de contemplation aux hommes ? Il n’y a aucune raison de faire cet effort pour offrir son corps à partenaire. »
Ces derniers siècles, le sexe féminin a largement été peint, sculpté, dessiné. Mais sans un poil. Il aurait indigné.
« Ça cache c’est vrai mais ça indique le lieu du plaisir. Pensez à 1866 et à Courbet. La représentation de ce con rose avec ses poils c’est quelque chose qui a fait scandale et en définitive qui n’a été montré que très récemment.»
Très récemment justement, on a appris à les apprivoiser. Qu’on les arrache, qu’on les teigne ou qu’on les fasse pousser, les poils sont devenus une manière de s’affirmer. Rebelles, plus que jamais.