Gencives : une greffe pour protéger vos dents
Avec l’âge, les gencives peuvent avoir tendance à se rétracter surtout si elles sont fines au départ et qu'on a une manière de brosser un peu trop énergique. Cela peut même devenir très inesthétique. A quoi sert une greffe de gencives ? En quoi consiste t-elle ? Est-ce douloureux ? Les réponses de notre spécialiste.
La gencive ne repousse malheureusement pas toute seule. Si on arrive à ce point-là de récessions gingivale, la seule solution c’est la greffe pour restaurer la hauteur et l’épaisseur de la gencive. Les récessions gingivales peuvent avoir d’autres causes comme le tabac, des traitements orthodontiques mal conduits ou des couronnes mal adaptées. Cela peut être aussi dû à des parodontites, mais dans ce cas, une greffe de gencive seule n’est pas indiquée.
Conséquences d'une récession gingivale
Outre l’aspect esthétique, le fait que la racine ne soit plus protégée a des conséquences.
Une personne, par exemple, consulte parce qu’elle a de grosses sensibilités dentaires. La différence, entre la composition de la couronne et la racine c’est l’émail ! C’est la structure la plus dure de l’organisme, elle est protectrice et isolante. Sans émail, la racine n’est pas protégée contre les variations de température et ça peut être très douloureux. Elle est également beaucoup plus sensible aux caries. Si on ne corrige pas le défaut, la récession va continuer et la dent peut se déchausser…
Comment se déroule une intervention de greffe ?
La greffe intervient pour retrouver une meilleure esthétique et pour protéger les racines... Il y a plusieurs techniques de greffe mais généralement, elle se pratique sous anesthésie locale. On prend un morceau de la muqueuse du palais pour aller le greffer à l’endroit où il y a un manque de gencive.
On prélève le greffon à cet endroit car la muqueuse est bien épaisse et solide. Une des techniques, est de préparer l’endroit qui doit recevoir la greffe en éliminant un peu de gencive. On prélève ensuite un rectangle de muqueuse du palais dans toute son épaisseur : la couche profonde et la couche superficielle et on vient le suturer à l’endroit de la gencive qui est abimée. Les tissus vont cicatriser et se souder entre eux. Cela renforce la gencive et stoppe la récession. Le problème c’est que l’aspect esthétique n’est pas toujours satisfaisant car la muqueuse superficielle du palais ne ressemble pas à la gencive.
Un palais à vif au niveau du prélèvement
Si cela est douloureux, on gère la douleur avec des antalgiques et avant l’intervention on prépare une plaque spécialement moulée au palais du patient qu’il va porter pour éviter que les aliments ou la langue entrent en contact avec le site du prélèvement. Ça va cicatriser assez vite.
Existe-t-il une technique plus confortable ?
Cette technique est sur le même principe général pour recouvrir la racine de la dent sauf qu’on ne va prélever que la partie profonde de la muqueuse du palais sous anesthésie locale. On laisse la couche superficielle du palais qu'on va ensuite suturer pour recouvrir l’endroit du prélèvement et le protéger. Ensuite, on enfouit le greffon sous la gencive restante et on suture. Il y a moins de suites opératoires, de douleurs et le résultat est plus esthétique. Pour que la greffe soit encore mieux tolérée, il y a de nouvelles techniques qui se développent. On ne greffe pas la muqueuse du patient mais un matériau d’origine extérieur fabriqué à partir de collagène humain ou porcin. Le collagène c’est une protéine présente dans tous les tissus du corps. Elle est comme un tuteur qui permet la régénération de la gencive par elle-même autour...
Suites de ces interventions
L’inconfort est gérable avec des antalgiques, des antiinflammatoires et de la glace. Pour que la greffe prenne bien, il faut respecter certaines règles.
- Pas de tabac.
- On mange mou et froid pendant les 2 premiers jours.
- On ne se brosse pas les dents pendant deux semaines.
- On ne mange pas du côté de la greffe.
Ce sont les bains de bouche qui vont nettoyer et éviter les infections. Il y a de très bons résultats avec les greffes de gencives. Elles permettent de couvrir 50 à 70 % des récessions. On voit le résultat dès les premières semaines mais la cicatrisation continue pendant 6 à 12 mois et l’aspect de la gencive continue d’évoluer.
Quand la greffe est impossible ?
Cela arrive, la condition sine qua non pour n’importe quelle greffe de gencive, c’est un niveau d’os suffisant autour de la dent pour la soutenir et la gencive greffer. Si les bactéries responsables d’une maladie parodontale ont trop endommagé l’os ou si elle est encore active c’est impossible. La deuxième chose c’est le tabac , c’est l’ennemi numéro 1 de la greffe. Fumer "étouffe" le greffon.
Remboursement par la sécurité sociale
Cette intervention n’est pas prise en charge par la sécurité sociale. Les gencives ne sont pas prises en compte comme les dents alors que le tissu de soutien est aussi important que la dent. Certaines mutuelles peuvent prendre en charge une partie. Une greffe de gencives en province, c’est entre 300 et 500 euros et à Paris ça peut aller jusqu’à 800 euros.