Punaises de lit : stop à l'invasion !
Elles sont minuscules mais peuvent pourtant transformer vos nuits en cauchemar. Reconnaissables à leur forme ovale très plate et leur couleur brune, les punaises de lit sont un véritable problème de santé publique.
La punaise de lit
Ces insectes de la taille d'un pépin de pomme et de la famille des Cimicidés, se logent dans les matelas, les fissures et anfractuosités des murs intérieurs d'où ils sortent la nuit pour se nourrir de votre sang. En une semaine, la femelle peut pondre de 200 à 500 oeufs ! Les piqûres forment généralement des lignes de petits boutons rouges et provoquent des démangeaisons importantes. Elles engendrent aussi la panique car une fois les logements envahis, il est souvent difficile de se débarrasser de ces petites bêtes qui, depuis maintenant une vingtaine d’années, reviennent en force à l’échelle de la planète. En France, près de 400 000 sites infestés ont été recensés en 2018. C’est 2 fois plus qu’en 2016 !!!
Punaises de lit : le cauchemar des citadins
Les grandes agglomérations sont en première ligne. Paris, bien sûr, mais aussi Marseille : le 4 novembre dernier, 17 associations se sont rassemblées devant l’Agence Régionale de Santé pour demander à l’Etat de réagir et de reconnaître les punaises de lit comme un problème de santé publique.
Plus aucun bâtiment n’est à l’abri des punaises de lit. Début octobre 2019, c’est même la bibliothèque de l’Alcatraz à Marseille qui a dû fermer ses portes pour une désinfection de plus de 10 jours. Les insectes avaient élu domicile dans les sièges et dans les livres. Lundi 4 novembre, l'intercollectif Punaises de lit qui rassemble 17 associations marseillaises s'est rassemblé devant l'Agence régional de santé. Objectif : forcer les pouvoirs publics de santé à réagir.
Contrairement au moustique, la punaise de lit ne transmet pas de maladie. Ses piqûres peuvent provoquer des réactions très différentes selon les personnes. « Ça peut aller de rien du tout, aucune réaction, dans 35% des cas, à des boutons graves parfois très graves en raison de l’allergie que nous développons ou non, à la salive de ces punaises », explique le Dr Arezki Izri, parasitologue à l hôpital Avicennes (93). « Mais les réactions psychologiques par contre sont très importantes. Nous avons vu des gens pleurer pour sauver leurs enfants qui sont mangés tous les soirs par ces bestioles. »
Être en contact avec ces parasites peut aussi engendrer un sentiment de malaise et inciter les victimes à s'isoler de peur de contaminer leurs proches. « On pense surtout qu’on va infecter tout l’environnement, voilà ce qu’on craint, tout en étant victime, on a un sentiment de culpabilité », témoigne une victime.
Il est bien sûr possible de s’en débarrasser mais surtout : évitez les insecticides ! Le Dr Arezki Izri insiste : « Si on applique ces produits qui sont dangereux pour l’homme, cela irrite les punaises. Elles sont devenues résistantes aux insecticides. Ça les dissémine partout dans la maison, donc quand vous mettez ces produits vous aggravez le problème. »
Punaises de lit : une résidence étudiante envahie
Les résidences universitaires sont le terrain de jeu idéal des punaises de lit. Les étudiants sont très mobiles, et peuvent facilement rapporter ces insectes dans leurs valises. Et si une chambre est infestée, toute la résidence est menacée. Le Crous de l’académie de Versailles, qui gère plus de 9000 logements étudiants, prend donc le problème très à cœur car les punaises se reproduisent très vite et le risque de propagation est donc extrêmement élevé. A la moindre alerte, même si le logement ne présente aucune trace apparente de puce de lit, une désinsectisation préventive est appliquée. Les murs, le sol, les plinthes et la literie sont traités avec un produit très puissant qui attaque le système nerveux des puces de lit et qui reste actif trois jours après l'application. Le traitement est répété 15 jours après pour éliminer les éventuelles larves persistantes. Grâce à ces précautions, en 2019, seule une quarantaine de logements du CROUS ont été infectés par ces insectes au sein de l'académie de Versailles.
Punaises de lit : des chiens pour repérer les insectes
Il existe de multiples méthodes pour se débarrasser des punaises de lit. Une solution originale s’est développée ces dernières années : dresser des chiens pour qu’ils repèrent les insectes à notre place.
C’est le cas de Rocky, accompagné de sa dresseuse, qui repère les punaises de lit à l’odorat. Le chien cherche dans tous les lieux à risques, auxquels les humains n’accèdent pas toujours facilement. Et dès qu’il repère l’odeur des punaises de lit, il s’assoit pour signaler la zone infestée. Un travail de repérage rapide, qui permet aux occupants de traiter efficacement les zones où se cachent les punaises de lit.
Punaises de lit : comment s'en débarasser ?
Des punaises de lit ont envahi votre appartement ? L'invasion soulève de nombreuses questions pratiques, auxquelles Internet ne répond pas forcément. Comment les reconnaître ? Et surtout, comment les éradiquer ? Réponses avec un spécialiste des punaises, Damien Eymon, technicien biologiste.
Comment suspecter des punaises de lit ?
Il faut penser aux punaises de lit devant des piqûres qui sont groupées, dans les parties tendres (hanches, avant-bras, cou, mollet,…). Autre indice : des traces de sang sur les draps, car la punaise pique avec un rostre, donc la pîqûre est violente et fait couler un peu le sang. En tout début d'infestation, c'est très rare de voir des punaises, les gens s'en aperçoivent au bout de deux ou trois mois en voyant les insectes qui se sont reroduits et sont plus nombreux. A ce moment-là, ils se font piquer tous les jours.
Comment les reconnaître ?
Les œufs sont en forme de grains de riz (de 2 mm, blancs, en grappe de quatre ou cinq œufs), que l'on retrouve au niveau des coutures, du sommier,... et à l'abri de la lumière.
Les déjections forment, quant à elles, de petits points noirs sur les matelas et sommiers. On voit parfois des insectes ou le plus souvent des carapaces, car elles muent plusieurs fois avant d'être adultes. On peut retrouver ces carapaces vides sur le sol.
Comment les punaises sont-elles transportées d'un endroit à l'autre ?
Elles sont principalement véhiculées par l'homme : par ses affaires (valises, exceptionnellement les vêtements) ou en cas de déménagement par le mobilier. Dans une chambre d'hôtel infesté, la valise est souvent à côté du lit ou sous le lit, les punaises s'y installent et on les rapporte chez soi.
Peut-on avoir des punaises sur soi et contaminer d'autres appartements ou personnes ?
Non, car la punaise ne reste pas sur sa proie, il ne s'agit pas d'un parasite et il est impossible d'en transporter sur soi. Il y a toutefois une réserve, dans certains cas spécifiques, comme par exemple un petit studio surinfesté : si on laisse traîner son manteau au niveau de l'infestation, les punaises peuvent se réfugier dans une poche. Mais ce n'est vraiment pas le vecteur principal. Elles ne se mettent pas sur les surfaces immobiles et exposées tels que les sacs d'ordinateur.
Les punaises peuvent-elles infecter un animal ?
C'est possible car l'insecte se nourrit de sang, donc piquent les mammifères à sang chaud. Si un chien est infecté, il faut désinfecter son panier ou l'endroit où il dort. Les chats sont rarement infectés car ils bougent plus et ne dorment pas au même endroit.
Comment choisir la société de décontamination ?
- L'entreprise doit proposer deux interventions à 15 jours d'intervalle (car le cycle de vie de l'insecte : au premier passage, on s'occupe des insectes vivants présents et au second passage, on s'occupe de la deuxième génération : au bout de quinze jours, tous les œufs ont éclos.)
- Elle propose un protocole de préparation des lieux (cela prouve que la société est efficace sur le terrain, anticipe la préparation des lieux et cela optimise le traitement).
- Si la société possède un agrément ministériel c'est un plus (les techniciens ont eu des formations, qu'ils sont à même de manipuler les insecticides et ils sont assurés contre tous les dégâts occasionnés par le traitement).
- L'entreprise doit demander un prix entre 125 et 160 euros maximum par passage pour un studio de 15-20 m2 et entre 250 et 300 euros pour une maison de 150 m2.
Comment se passe la décontamination ?
Le produit administré est de la perméthrine généralement, sous forme de concentré liquide, ou des pyréthrinoïdes de synthèse. Il agit instanténément avec une rémanence d'une semaine maxiumum. Il faut prévoir de ne pas être dans l'appartement pendant 4 heures et les animaux peuvent réintégrer l'habitat 24 heures après.
Quelles sont les précautions à prendre ?
L'appartement doit être préparé avant le passage du technicien : rien ne doit traîner au sol afin de faciliter son passage ; le matelas et le sommier sont mis à la verticale ; le canapé-lit est ouvert ; après chaque désinfection, la literie (couette, oreillers, draps) doit être lavée à 60°C ou passée au sèche-linge, avec un cycle classique de 30 ou 45 minutes (les punaises meurent au bout de 5 mn à plus de 50 °C).
Si les penderies sont à proximité du lit, il est indispensable de tout laver à 60 °C. Lorsque ce n'est pas possible, le linge fragile comme la soie ou la laine est mis au congélateur 48 heures : à - 7 °C, elles peuvent résister cinq jours et deux jours - à 18 °C, qui est la température recommandée d'un congélateur. Le linge qui n'est pas lavé ou congélé immédiatement doit être mis dans de grands sacs-poubelle fermés (lorsqu'on le met dans des sacs-poubelle, on enferme les punaises à l'intérieur en attendant le passage dans la machine).
Que faire des rangements sous un lit, s'ils ne peuvent pas être lavés ou congelés ?
Ils seront traités comme la literie. Cela ne sert jamais à rien de jeter un rangement sous prétexte qu'il est infecté. Les punaises préfèrent se mettre sur la literie, les plinthes, les charnières ou même le plafond,... et dans tous les cas, elles restent proches de ses proies !
Si au bout d'un mois après la seconde désinfection, il n'y a pas de nouvelles piqûres, vous pouvez souffler : les punaises sont définitivement sorties de votre lit !
* Damien Eymon est technicien biologiste chez Hygiène Services et Solution
Comment soigner les piqûres ?
Chez certaines personnes, les piqûres se voient à peine et elles les tolèrent très bien. Chez d'autres, la réaction allergique ne se fait pas attendre : des boursoufflures rouges démangent terriblement.
A ce moment-là, une crème à base de corticoïdes (bétaméthasone, deux à trois fois par jour, pendant cinq jours) permet de les soulager, avec parfois en complément pendant quelques jours, un anti-histaminique.