COP21 : les moustiques tigres gagnent du terrain
Malgré les attentats et l'état d'urgence décrété, le gouvernement a annoncé le maintien de la COP21, la conférence des Nations unies sur les changements climatiques. À partir du 30 novembre et jusqu'au 11 décembre, Paris va donc devenir la capitale du climat. Si les Etats en présence s'accordent pour réduire mondialement leurs émissions de gaz à effet de serre, les scientifiques espèrent limiter la hausse des températures autour de 2 degrés d'ici à 2100. Mais si aucun accord n'est trouvé, la température moyenne de la planète pourrait avoir grimpé de 4 degrés d'ici 2100. Ce bouleversement climatique aurait un impact certain sur notre santé.
Si aucun accord n'est trouvé lors de la COP21, en 2100 la température moyenne de la planète pourrait grimper de 4 degrés. Une hausse qui aurait un impact certain sur notre santé. Des maladies infectieuses comme la dengue ou le chikungunya pourraient devenir banales, y compris en métropole. Le réchauffement climatique permet en effet au moustique tigre, qui transmet ces pathologies, de s'implanter durablement sur notre territoire.
Avec l'arrivée de l'automne, le moustique tigre se fait nettement plus discret. Les femelles qui aiment tant piquer l'homme ont presque disparu mais la traque continue. Des équipes de démoustication interviennent dans les domiciles infestés. Les oeufs peuvent survivre aux températures hivernales et patienter jusqu'à cinq ans sans eau avant d'éclore.
"À chaque ponte, une femelle peut pondre 200 oeufs qu'elle va répartir pour avoir le taux de survie le plus important, dans différents gîtes possibles. Elle va étaler sa ponte. Et ensuite elle va vivre trois semaines, un mois et elle peut être amenée à re-pondre trois, quatre ou cinq fois. Ca peut donc aller jusqu'à 1.000 oeufs de la vie d'une femelle", explique Dominique Gindre, responsable de la stratégie opérationnelle de l'entente interdépartementale de démoustification.
Envahissant, le moustique tigre est aussi très dangereux. En 2014, il a ainsi transmis le chikungunya à onze personnes de Montpellier, puis la dengue à sept Nîmois en 2015. Et malheureusement face à lui, les professionnels n'ont pas vraiment d'armes. Venu d'Asie, l'Aedes albopictus est arrivé par bateau en 2004. Il progresse d'une centaine de kilomètres par an et est aujourd'hui présent dans vingt départements. Dans quinze ans, il aura profité du réchauffement climatique et devrait envahir toute la France. Un réchauffement climatique qui profite aussi à son métabolisme.
À l'Institut Pasteur, une des plus grosses usines à moustiques d'Europe, on met au monde 50.000 moustiques par an pour mieux les étudier. À 25°C, le moustique tigre devient adulte et donc potentiellement dangereux quatre jours plus tôt comme le confie Anna-Bella Failloux, directeur de recherche spécialiste des insectes à l'Institut Pasteur : "Si on augmente la température, on va raccourcir la durée de développement du moustique. Et donc forcément, le nombre de moustiques va être plus important à un moment donné de la vie. Et plus il va y avoir une forte densité de moustiques, plus les risques de piqûres vont être importants, et plus le risque de contamination va être important".
Des moustiques plus nombreux, mais aussi plus agressifs. A 25°C, les femelles ont davantage besoin de piquer et peuvent doubler leur espérance de vie. Pire, elles assimilent le virus plus rapidement et sont plus contagieuses : "Plus il va faire chaud, plus le temps nécessaire au virus pour atteindre les glandes salivaires va se raccourcir. Donc la femelle va devenir infectieuse beaucoup plus rapidement. Et plus on va augmenter la température, plus la machinerie du moustique va faire en sorte qu'il y a davantage de virus qui va être produit. Donc il y a une plus forte concentration du virus dans le moustique et potentiellement plus de virus qui va être injecté par la femelle de moustique quand elle va piquer".
Et avec ces quelque 10 millions d'habitants, le moustique tigre qui apprécie les zones très peuplées, devrait adorer Paris et ses environs.