Heure d'hiver : faut-il s'y préparer ?
Institué dans les années 1970, le passage à l'heure d'hiver a lieu le dernier week-end du mois d'octobre. Cette année, dimanche 30 octobre, à 3h du matin, il sera 2h. Faut-il craindre une perturbation de notre horloge biologique ?
L’automne est là, les feuilles tombent et les jours raccourcissent. Tous les ans, même rengaine, le dernier week-end d'octobre est le moment du changement d'heure. Encore ? Oui, car si les députés européens ont bien voté la suppression du changement d'heure en 2019, la crise du Covid a stoppé le projet, et la réforme est au point mort, faute d'accord entre les Etats membres. En attendant, certains y voient la possibilité de dormir une heure de plus. Pour d'autres, en revanche, le changement d'heure peut perturber l'horloge biologique.
C'est quoi, l'horloge biologique ?
Cette dernière, composée de plusieurs horloges périphériques, est régulée par le rythme circadien (c'est-à-dire environ 24 heures). Ce cycle règle la température du corps, la période de veille-sommeil et la sécrétion d'hormones. Pour un bien-être optimal, les différentes horloges doivent être synchronisées. Une désynchronisation de l'horloge interne est constatée après trois heures de décalage horaire chez l'adulte. Et en cas de changement d'heure ? Explications et conseils de Claire Leconte, chronobiologiste et professeur de psychologie à l'Université Lille 3.
Le passage à l'heure d'hiver risque-t-il de perturber notre rythme biologique ?
Claire Leconte : "Très peu. Car il s'agit d'un décalage d'une heure uniquement. Ce changement est d'ailleurs plus avantageux pour nous car nous nous rapprochons de l'heure du soleil. De plus, ce changement se répercute de manière positive sur le manque de sommeil.
Les nuits sont plus longues, il est donc plus facile de récupérer le temps de sommeil manqué, contrairement au changement d'heure d'été. Le décalage horaire estival nous éloigne de l'horloge du soleil de deux heures. Les journées se rallongent. Notre mode de vie se décale. Les sorties en soirée, par exemple, se multiplient. L'heure de sommeil est retardée. Le temps consacré au sommeil est alors diminué ce qui entraîne une désynchronisation de l'horloge interne."
Peut-on facilement s'adapter au changement d'heure ?
Claire Leconte : "Pas forcément. Les personnes dépressives et les insomniaques peuvent rencontrer des difficultés avec ce décalage horaire. Les adolescents et les enfants peuvent également en souffrir. Cette désynchronisation de l'horloge interne se manifeste par un manque d'attention, de mémoire et un plus grand stress au quotidien. C'est pour cela que je recommande d'aller se coucher dès que les premiers signes de sommeil apparaissent, par exemple, la sensation de froid. C'est une alerte du corps.
Je conseille aussi à chacun, de décaler les horloges la veille pour éviter de se laisser surprendre afin que la transition ne soit pas brutale. Pour les enfants, il est préférable de décaler l'heure du repas ou du bain d'un quart d'heure dans le sens du changement, c'est-à-dire un quart d'heure plus tard pour une heure de plus."
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Le passage à l'heure d'hiver peut-il provoquer une dépression saisonnière ?
Claire Leconte : "Certaines personnes sont plus sensibles au manque de lumière, accentué par le changement d'heure. La dépression saisonnière s'explique par une mauvaise recharge de la mélatonine (hormone du sommeil sécrétée par l'hypothalamus vers 21h jusqu'à 7h 30, ndlr) qui nécessite le recours à la luminothérapie, pour compenser le manque de lumière pendant la période hivernale.
Pour pallier ce manque, je recommande, si le temps le permet, de profiter des rayons solaires au cours de la journée en n'hésitant pas, par exemple, à s'autoriser une balade au soleil à l'heure du déjeuner."