Le réchauffement climatique menace gravement la santé humaine, alerte le GIEC
Le réchauffement climatique menace l’accès à la nourriture et à l’eau et accroit le risque de maladies, selon un projet de rapport alarmiste du Giec. Des effets déjà inévitables à court terme.
Malnutrition, sécheresse, maladies… La santé de dizaines de millions de personnes sera fragilisée par les conséquences du changement climatique dans les décennies à venir, alerte un projet de rapport du Giec, consulté par l'AFP.
Et beaucoup de ces effets sont déjà inévitables à court terme, préviennent les experts climat de l’ONU dans ce document qui sera publié en février 2022. De fait, la vie sur Terre telle que nous la connaissons sera inéluctablement transformée quand les enfants nés en 2021 auront 30 ans, voire plus tôt, avancent les scientifiques.
Trois piliers vulnérables
"La santé humaine repose sur trois piliers : la nourriture, l'accès à l'eau et le logement. Or ils sont vulnérables et menacent de s'effondrer" analyse Maria Neira, directrice du Département de l'environnement, des changements climatiques et de la santé de l'Organisation mondiale de la Santé.
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180 millions de malnutris en 2050
Concernant l’alimentation d’abord, le rapport estime que 80 millions de personnes supplémentaires seront menacées par la faim d'ici 2050. Une conséquence en cascade de mauvaises récoltes, d'une baisse de la valeur nutritive de certains produits et d'une pression sur les terres liée à la demande croissante en biocarburants ou à la plantation d'arbres pour séquestrer le carbone.
Tous ces facteurs pousseront les prix à la hausse d'environ 30% d'ici 2050. Ce qui placera plus de 180 millions d'habitants au bord de la malnutrition chronique, essentiellement en Afrique et en Asie du Sud-Est.
75% des eaux souterraines menacées
Côté approvisionnement en eau, un peu plus de la moitié de la population mondiale est en situation d'insécurité. Et près de 75% des approvisionnements en eaux souterraines - principale source d'eau potable pour 2,5 milliards d'humains - pourraient être impactés par le changement climatique d'ici 2050. A cela s’ajoute la fonte des glaciers, qui a déjà "fortement affecté le cycle de l'eau" (cours d'eau, mers, évaporation, pluie), selon les experts.
Des phénomènes qui pourraient entraîner d'ici 2050 le déplacement de 30 à 140 millions de personnes en Afrique, en Asie du Sud-Est et en Amérique Latine et amputer le PIB mondial d'un demi-point.
Pollution, contamination, moustiques…
Enfin, le réchauffement climatique agrandit les territoires propices aux vecteurs de maladies, notamment les moustiques. D'ici 2050, la moitié des habitants de la planète pourrait être exposée à la dengue, la fièvre jaune ou des virus comme Zika.
Les ravages du paludisme ou de la maladie de Lyme vont aussi s'amplifier et les décès liés aux diarrhées infantiles augmenter au moins jusqu'au milieu du siècle. Les maladies liées à la qualité de l'air, notamment la pollution à l'ozone, typique des vagues de chaleur, vont aussi "substantiellement augmenter". "Il y aura également des risques accrus de contamination de l'eau ou des aliments" par les toxines maritimes, avertit le rapport.
Pressions sur les systèmes de santé
En parallèle, les experts du Giec prévoient des pressions sur les systèmes de santé, comme celles apparues pendant la pandémie du covid-19, avec leurs "conséquences importantes et négatives pour les plus vulnérables".
"La vie sur Terre peut se remettre d'un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas", conclut enfin le résumé du rapport.