Le divorce : des variations saisonnières ?
Le divorce suivrait-il un rythme saisonnier ? Des sociologues américains ont présenté au 11ème meeting de l'American Sociological Association une étude intitulée "Is divorce seasonal" ? Deux pics seraient en effet retrouvés, durant les cinq années étudiées et feraient suite aux principales vacances outre-Atlantique.
Le Pr Julie Brines et son équipe ont analysé les données de l'état de Washington, entre 2011 et 2015. Conclusion : deux pics en mars et en août, autrement dit après les vacances d'hiver et d'été aux Etats-Unis… Il n'en fallait pas plus pour conclure que "le divorce suivait un calendrier domestique rituel, gouvernant le comportement familial."
Les vacances, de l'attente optimiste à la désillusion
Pour le Pr Brines, les vacances sont des temps familiaux sacrés et les couples en difficulté comptent sur ces moments privilégiés pour améliorer la relation conjugale. En dépit des déceptions passées et des frustrations accumulées, les gens envisagent les vacances avec des attentes importantes, en les associant à un nouveau départ. "Ils se représentent certaines périodes de l'année avec l'opportunité d'un nouveau départ, de quelque chose de différent, d'une transition vers une nouvelle période de vie. C'est comme un cycle d'optimisme, dans un certain sens", analyse le Pr Brines.
Cependant, les vacances sont aussi très chargées émotionnellement et stressantes pour certains couples, dont le mariage se fissure peu à peu. Lorsque les temps plaisanciers ne répondent pas aux attentes, ils se poursuivent par de grandes désillusions des époux déçus. Qui peuvent décider d'initier la demande de divorce en août, avant que les enfants reprennent l'école…
Mais comment expliquer le pic de mars, plusieurs mois après la fin des vacances d'hiver ? Les sociologues avancent une autre explication : "les couples ont besoin de temps pour mettre de l'ordre dans leurs finances, trouver un avocat ou simplement le courage de remplir les papiers du divorce", suggère le Pr Brines. Tout comme en août, peut-on objecter. La sociologue a réponse à tout : le début de l'école en septembre pourrait accélérer le calendrier.
Elle n'hésite pas à faire un autre parallèle : le taux de suicide augmente au printemps, puis comme le remarquent certains experts, lorsque les jours se rallongent et que l'activité se majore, l'humeur des personnes s'améliore et elles trouvent l'énergie d'agir. De façon similaire, de telles forces seraient peut-être en jeu pour le divorce…
De plus, le Pr Brines souligne la présence d'un délai émotionnel, qui semble légitime devant la gravité de la décision : "le dépôt de divorce est un grand pas", insiste-elle.
Un schéma saisonnier dans les décisions familiales
Si, initialement, les auteurs cherchaient à étudier les effets de la récession sur la stabilité maritale, par le biais de la hausse du chômage et une baisse de la valeur des maisons, ils ont constaté un schéma qui se répétait avec une fréquence du divorce variable selon les mois. Le modèle se reproduisait d'une année sur l'autre et d'un comté à l'autre, même en tenant compte d'autres facteurs saisonniers, tels que le chômage et le marché du logement.
D'après les auteurs, d'autres décisions judiciaires impliquant le cadre familial suivraient également ce schéma, comme les décisions de tutelle par exemple. La récession semble avoir perturbé le schéma, sans être significatif pour autant.
L'équipe se penche désormais sur d'autres états, en commençant par ceux qui ont des lois de divorce similaires à celles de l'état de Washington. La tendance saisonnière semble se confirmer…
Etude source : Is divorce seasonal ? Study shows biannual spike in divorce filing. Brines. American sociological association. 21 août 2016