Acrophobie : comment vaincre sa peur des hauteurs
L'acrophobie, la peur des hauteurs, concernerait 30% de la population française. Pour aider les patients à vaincre cette phobie, l'université et le CHU de Nantes ont mené une expérience d'un nouveau genre.
Affronter ses peurs n'est pas de tout repos. Transpiration, vertiges, nausées, flashs noirs... Lorsqu'ils atteignent une certaine hauteur, les patients qui souffrent d'acrophobie (peur des hauteurs) peuvent frôler l'évanouissement. Pour aider les acrophobes, l'université et le CHU de Nantes ont mené une expérience qui associe réalité virtuelle et stimulation cérébrale. Il s'agit d'une première en Europe.
Pour cette expérience, des électrodes et un boîtier sont installés sur le crâne du patient. Ils sont reliés à un ordinateur qui pilote la stimulation. Des traqueurs au niveau des pieds permettent de suivre ses déplacements. Enfin, un masque plonge l'acrophobe dans un univers de réalité virtuelle : un chantier, un ascenseur et des étages à n'en plus finir... "On place le sujet dans des situations qui lui posent problème. L'avantage de la réalité virtuelle, c'est qu'on peut le faire de façon contrôlée. L'objectif est de s'exposer mais pas non plus de réveiller la peur trop fort. La consigne étant d'essayer de monter le plus haut possible", explique le Dr Samuel Bulteau, psychiatre.
Quand le patient se risque à prendre de la hauteur et repousse ses limites, il reçoit un courant indolore. Il est envoyé à son cerceau pour inhiber la sensation de peur : "Si le sujet s'entraîne à dépasser sa difficulté avec la stimulation, cela lui donnera un soutien supplémentaire pour réguler son symptôme et avoir des effets à plus long terme sur la plasticité cérébrale", précise le Dr Samuel Bulteau.
Pour les patients, l'expérience ne dure qu'une semaine. Mais grâce aux quatre séances prévues dans le protocole, les participants ont pu constater une amélioration de leurs symptômes. Cette expérience est une étude de faisabilité. C'est la raison pour laquelle elle est menée sur des patients intolérants à la hauteur, et pas phobiques. Elle n'en est qu'à ses prémices. Si les résultats sont concluants, elle permettra peut-être, à terme, de personnaliser les traitements. Les chercheurs espèrent aussi l'utiliser pour traiter des troubles neurodégénératifs ou dépressifs.